En Grèce, plus de 460.000 personnes sont prises au piège selon Amnesty International. Les conditions dans lesquelles elles vivent (ou plutôt survivent) sont déplorables. Il n’y a pas assez de place dans les logements et pas assez de nourriture pour tout le monde. Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, il est plus que temps d’agir. Et elle encourage la Grèce et l’Union européenne à trouver des solutions pour éviter « une catastrophe humanitaire qu’elles auront contribué à déclencher. »
C’est ce qui ressort d’un rapport publié ce lundi par Amnesty International. « Trapped in Greece: an avoidable refugee crisis« met en évidence les conditions de vie et la situation des réfugiés bloqués en Grèce depuis la fermeture de la frontière gréco-macédonienne le 7 mars dernier.
La Hongrie avait commencé à construire une barrière à sa frontière avec la Serbie en juin 2015. Depuis, les barrières ont continué à fleurir le long de la route des Balkans, notamment à la frontière gréco-macédonienne. Elles forcent les réfugiés et migrants à vivre dans de sordides conditions et les obligent à faire de long trajets pour s’installer sur le continent.
Des conditions de vie inhumaines
« Les conditions ici ne sont pas bonnes. Nous dormons sur le sol, nos couvertures sont trempées. Il n’y a pas de salle de bain. C’est pourquoi les gens tombent malades. » Et ce discours d’une femme enceinte syrienne n’est pas unique en son genre. Les conditions des réfugiés et des migrants sont déplorables comme le soulève l’organisation de défense des droits de l’Homme. Tout ça pourquoi? Pour rejoindre l’Europe en quête d’une vie meilleure. « Nous voulions mettre nos enfants en sécurité. C’est la seule raison pour laquelle nous sommes ici », poursuit-elle.
Et « ici », c’est au camp de fortune d’Idomeni, à la frontière entre la Grèce et la Macédoine. Ce camp n’est pas un camp officiel et les conditions de vie y sont donc encore plus difficiles. Entre le 7 et le 9 mars, il y avait entre 11.000 et 13.000 personnes vivant dans des conditions effroyables. Là-bas, toute l’aide fournie provient des organisations humanitaires, des ONG ou des bénévoles. On parle d’assistance, de logement, de nourriture, d’installation sanitaire ou encore de soins médiaux. À Idomeni, il n’y a que 180 toilettes et 70 douches pour plus de 10.000 personnes. Imaginez un peu!
31 sites officiels pour 46.140 personnes
En Grèce, les autorités, aidées par l’Union européenne, ont installé 31 sites d’hébergement temporaire officiels. Dans ces endroits, 33.640 demandeurs d’asile ou migrants peuvent y être accueillis. Mais, le 11 avril, le nombre estimé de personnes prises au piège en Grèce était de 46.141. Les installations sont donc bondées et les ressources sont totalement insuffisantes.
« Les conditions d’hébergement sont inadéquates dans un grand nombre des 31 sites provisoires. Ces sites, mis sur pied en Grèce avec l’appui considérable de l’Union européenne, sont caractérisés par une surpopulation et une forte promiscuité, ne sont pas chauffés et ne disposent pas d’installations sanitaires en nombre suffisant », dénonce Amnesty International.
Y a-t-il une solution?
Pour Amnesty International, il n’y a pas de solution rapide pour les 46.000 personnes actuellement bloquées dans la partie continentale de la Grèce.
L’ONG demande ainsi à la Grèce « d’améliorer de toute urgence son système d’asile et de permettre à toute personne bloquée sur son territoire de bénéficier d’une véritable protection. » À côté de ça, Amnesty International encourage les pays de l’Union européenne à « aider la Grèce à assumer la responsabilité de 46.000 réfugiés et migrants vivant dans la misère ». L’organisation de défense des droits de l’Homme ajoute que « si la classe politique de l’UE n’honore pas de toute urgence ses promesses en termes de relocalisation et n’améliore pas les conditions pour ces personnes livrées à elles-mêmes, elle sera confrontée à une catastrophe humanitaire qu’elle aura contribué à déclencher. »