Voici pourquoi le monde devrait faire très attention si la Corée du Nord a effectivement la bombe H

« Le test de la bombe à hydrogène était une réussite parfaite », affirme Pyongyang. Mais doit-on croire qu’il s’agit réellement d’une bombe H? De quoi s’agit-il exactement et pourquoi les experts s’inquiètent-ils? Ce type de bombe est bien plus puissant qu’une bombe atomique ou encore que les deux bombes nucléaires tirées sur le Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Personne n’est en mesure de connaître les conséquences futures si la Corée du Nord est effectivement en possession de la bombe H. Et on espère bien ne jamais le savoir.

Quelques heures avant le nouvel essai nucléaire de la Corée du Nord, l’agence de presse officielle du régime, KCNA, a diffusé des images du leader Kim Jong-un inspectant une bombe H miniaturisée capable d’être embarquée sur un missile

balistique intercontinental. En tout cas, c’est ce que le média affirme. Les experts ne sont pas encore sûrs qu’il s’agit effectivement d’une bombe à hydrogène, mais force est de constater que Pyongyang a testé ce dimanche matin une arme incroyablement puissante. Le tremblement de terre provoqué a atteint une magnitude de 6,3, un séisme bien plus important que lors des cinq essais nucléaires précédents effectués par le régime communiste.

500 fois plus puissante

Mais de quoi s’agit-il précisément? Une bombe H est également appelée bombe à hydrogène, bombe à fusion ou bombe thermonucléaire. Elle fonctionne d’une manière bien plus complexe qu’une bombe à fission nucléaire (ou bombe A), selon deux étages: le premier correspond à une bombe atomique au plutonium et le second comprend des combustibles de fusion qui entraînent l’explosion thermonucléaire proprement dite. La première explosion entraîne donc une seconde qui libère bien plus d’énergie.

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Pour te donner une idée: une bombe à hydrogène serait 500 fois plus puissante que les bombardements atomiques américains sur les villes japonaises d’Hiroshima (le 6 août 1945) et de Nagasaki (le 9 août 1945). « Certaines peuvent même être 1.000 fois plus fortes », affirme au Telegraaf l’expert Sico van der Meer de l’Institut néerlandais des Relations internationales de Clingendael. Mais « il est difficile d’estimer ce qu’une bombe à hydrogène aurait produit au Japon parce que nous n’en avons heureusement jamais vu tomber sur une ville ».

D’un point de vue militaire, une bombe à hydrogène présente l’avantage de causer des dégâts bien plus importants tout en libérant moins de rayonnement radioactif. Ce qui permet donc à l’armée de pénétrer dans la zone rapidement après l’explosion.

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Une énorme boule de feu

La première bombe à hydrogène réussie a été larguée le 1er novembre 1952 sur l’atoll d’Eniwetok au nord-ouest des îles Marshall dans l’océan Pacifique. Baptisée Ivy Mike, elle prenait place au sein d’une opération américaine. Sa puissance (de 10,4 Mt) n’était en aucun cas comparable aux armes utilisées pendant la Seconde Guerre mondiale et dépassait de loin toutes les prévisions des scientifiques de l’époque.

Quelques années plus tard, de 1946 à 1958, de nombreux tests de bombes A et bombes H ont été menés tout près, sur l’atoll de Bikini dans les îles Marshall. Apparaît alors Castle Bravo, la bombe H la plus puissante jamais testée par les États-Unis. Son énergie était de 15 mégatonnes, soit mille fois plus que chacune des deux bombes larguées sur le Japon. Son explosion a provoqué un cratère d’environ 1,5 kilomètre de diamètre et 70 mètres de profondeur ainsi qu’une boule de feu qui s’est élevée à 13 kilomètres de haut. Mais ce n’est rien à côté de la bombe testée par les Russes en 1961. L’essai russe dit de la Tsar Bomba était d’environ 50 mégatonnes, soit plus de trois fois plus puissant.

Revenons à la Corée du Nord. Les experts ont toujours été sceptiques quant à sa capacité à posséder une bombe à hydrogène. Ce sont des armes très complexes, difficiles à réaliser et à faire exploser correctement. La fusion nucléaire est à peu près semblable à la manière dont fonctionne le Soleil et a besoin de beaucoup d’énergie. Et donc, une telle bombe nécessite une première explosion capable d’en provoquer une seconde.

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