Les nations insulaires du Pacifique risquent véritablement d’être submergées avant la fin du siècle. Si les cyclones et l’effondrement des rendements agricoles ne les condamnent pas avant. Mais le principal pollueur de la région n’en a cure.
Le dernier rapport du GIEC, l’organe des Nations Unies chargé du climat, a rappelé à quel point la situation climatique était devenue un danger tangible pour l’humanité dans son ensemble. Et pour certaines nations, le bilan est plus qu’alarmiste; il est véritablement désespéré. Car pour quelques pays, une hausse même « modérée » du niveau des mers signifie la disparition pure et simple.
Ces endroits menacés dans leur existence même sont tous des pays insulaires du Pacifique. Une région du monde parfois qualifiée, avec peut-être autant de sarcasme que d’à-propos, de « canari dans la mine » du changement climatique. Une référence aux canaris en cage que les mineurs de charbon emportaient avec eux au fond. Quand l’oiseau, très sensible, défaillait, c’était signe que le grisou, un gaz inodore mais très toxique et inflammable, se répandait dans les galeries, et qu’il fallait évacuer au plus vite.
L’eau et le sel
Ces pays du Pacifique qui risquent bien de servir d’avertissement au reste du monde s’appellent Fidji, Kiribati, Vanuatu, ou encore les îles Salomon. Des archipels souverains particulièrement exposés aux typhons et tempêtes tropicales, dont la fréquence et l’intensité augmentent. Mais qui voient aussi leurs basses terres menacées par la montée de l’océan, tandis que l’eau de mer s’infiltre dans les sols, de plus en plus loin à l’intérieur des terres, augmentant ainsi la salinité et les rendant impropres à l’agriculture.
Satyendra Prasad, représentant des îles Fidji aux Nations unies, n’exclut pas de voir son pays disparaître de la carte: « Le rapport du GIEC est particulièrement alarmant, il dépasse toutes les estimations que nous avions prises en compte. Cela nous annonce certains des scénarios les plus catastrophiques que nous imaginions dans le Pacifique concernant le niveau de la mer, la perte des terres à faible altitude, et même possiblement la disparition de pays entiers d’ici à la fin du siècle. Et les échéances pour ces événements vont sans doute encore se rapprocher. »
Dédain pour les canaris
Situation plus cruelle encore: les nations insulaires du Pacifique ne sont responsables, toutes ensemble, que de 0,23% des émissions de gaz à effet de serre. Alors que leur grand voisin (éloigné quand même de plusieurs milliers de kilomètres d’océan) l’Australie se situe parmi les dix pays au plus haut taux d’émissions de dioxyde de carbone par habitant, et parmi les plus grands exportateurs de charbon au monde. Mais le gouvernement australien a bruyamment exprimé son rejet total du rapport du Giec, qu’un sénateur a même qualifié de « porno de la peur » et a ajouté que le groupe qui l’a rédigé ne cessait d’avertir que « le ciel nous tombe sur la tête, mais ce n’est jamais le cas. »
Un message qui tombe comme un couperet pour les petits pays du Pacifique. L’Australie continuera de creuser, et tant pis pour le canari.
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