La hausse des températures et la diminution des précipitations annuelles en Asie centrale ont prolongé le climat désertique de 100 kilomètres vers le nord depuis les 1980, selon une nouvelle étude. Si cela continue, les glaciers ainsi que le manteau neigeux auront disparu dans 20 ou 30 ans. La région connaître alors une sécheresse extrême sans aucun espoir.
De nouvelles analyses ont montré que ce qui était autrefois une zone au climat semi-aride, avec quelques précipitations estivales, s’est depuis déplacé vers un climat plus sec et plus chaud avec peu de précipitations. La température annuelle moyenne des régions autrefois tempérées a augmenté d’environ 5 degrés Celsius lorsque l’on compare la période de 20 ans de 1960-1980 avec la période de 30 ans de 1990-2020.
Plus de 70 millions de personnes vivent en Asie centrale, une région comprenant cinq anciennes républiques soviétiques – le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan – mais aussi l’Afghanistan, l’ouest de la Chine et des fragments d’autres pays voisins. Comme plus de 60% de cette zone a un climat aride ou semi-aride, la région est particulièrement sujette à la sécheresse et sensible aux fluctuations des précipitations.
Une région vulnérable
Cette région du monde est extrêmement vulnérable aux changements climatiques. En effet, le moindre changement au niveau des précipitations annuelles peut être dévastateur pour la production agricole et la stabilité sociale de la région.
Cette vulnérabilité a poussé les scientifiques à examiner les données mensuelles concernant la température de l’air et les précipitations d’Asie centrale, en remontant jusqu’au milieu du XXe siècle. Mais contrairement à la plupart des études, qui analysaient les variations d’éléments climatiques individuels, ces nouvelles analyses ont lié la température et les précipitations dans la région à la végétation et à l’écologie en observant les changements de types de climat: toundra, continental tempéré, subtropical et désert.
Toujours plus de désert
Les scientifiques ont donc constaté que plus le climat désertique s’étendait vers le nord de la région, une « enveloppe » de climat continental plus humide et plus froid se développait vers le sud. Plus la distance entre ces deux types de climats se réduit, plus les différences de températures et de pression entre les latitudes s’accentuent.
Les 11 types de climats identifiés en Asie centrale ont connu une augmentation significative des températures annuelles de 1990 à 2020. Alors que la plupart de ces climats ont également connu une diminution des précipitations annuelles, les zones de haute altitude de la région – y compris les monts Tianshan bordant la Chine, le Kazakhstan, Kirghizistan et Ouzbékistan – ont vu leurs précipitations annuelles augmenter. Combiné avec le réchauffement simultané de ces régions montagneuses, une partie importante de ces précipitations supplémentaires – environ 20 cm – a pris la forme de pluie plutôt que de neige.
Les glaciers disparaissent
Cette hausse des températures et des précipitations ont inévitablement entraîné la disparition des glaciers qui dominaient les paysages montagneux de la région. A court terme, l’eau provenant de la glace fondue vont alimenter les réserves d’eaux souterraines et de surface. Cela concerne donc les lacs dans dans la province du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine, et dans des zones montagneuses similaires. Mais quels que soient les avantages temporaires dont bénéficient ces régions, cela se fera probablement au détriment de l’eau de fonte plus durable que les montagnes de la région ont fournie pendant des générations.
Si cela continue, les glaciers et le manteau neigeux auront disparu dans 20 ou 30 ans. Ensuite, pour alimenter les réserves d’eau, il ne faudra compte que sur les précipitations estivales, qui ne suffiront pas à maintenir le niveau d’eau des lacs et dessols et ainsi soutenir la production agricole. La région se retrouvera alors dans une sécheresse à sens unique et sans espoir.