« Ta mort nous arrangerait bien »: Sarahah, l’application de messagerie anonyme qui favorise le harcèlement scolaire

Sarahah a débarqué avec ses grands sabots cet été sur l’Apple Store et Google Play Store en se plaçant directement au top des téléchargements. Elle permet d’envoyer des messages anonymement à presque n’importe qui. Si l’application a été créée avec de bonnes intentions, plusieurs dérives sont à signaler, notamment au niveau du harcèlement scolaire.  

Sarahah n’est pas vraiment une nouvelle application puisqu’elle existe depuis environ trois mois. Créée par un informaticien saoudien, elle a pour but d’envoyer des messages anonymes à n’importe qui. Même si cela peut paraître malsain, cela ne l’était pas du tout dans la tête de Zain al Abidin Tawfiq, son papa, au moment de la créer.

À la base, l’application est destinée au monde du travail. Son créateur voulait que les collègues s’envoient des messages francs anonymement pour assainir les relations de travail et éviter les conflits internes. Ce n’est pas pour rien que la traduction littéraire de Sarahah est « franchise ». En tout cas, le concept a plu puisque l’application est resté longtemps au top des tendances de l’Apple Store et du Google Play Store. Mais évidemment, avec un tel concept, il fallait bien que ça parte en cacahuètes à un moment donné.

Harcèlement scolaire

Messages anonymes à n’importe quel destinataires, il est facile d’imaginer les dérives que l’application peut causer. En Belgique, un premier cas de harcèlement via Sarahah a été signalé. Ça se passe à Mouscron au collège Sainte-Marie où une fille de 13 ans a été harcelée par ses camarades. « C’est une petite fille de mon école qui est venue en détresse me signaler qu’elle était harcelée via cette application qui lui permet de recevoir quotidiennement une salve d’insultes » explique Anne Simon la direction de l’école pour la RTBF.

Les messages qu’elle reçoit sont à base d’insultes et de menaces. On lui demande même de se suicider pour « faire de la place ». Résultats: la jeune fille est « détruite psychologiquement et n’arrive plus à savoir à qui elle peut faire confiance. » Il fallait s’en douter. Mais l’important, ce qu’elle a osé en parler comme le souligne Olivier Bogaert, commissaire à la Computer Crime Unit: « On peut en parler à un éducateur ou un professeur en qui on a confiance parce que le courant passe bien. Ou à un copain ou une copine fiable ou encore à ses parents. » Ou alors, et c’est encore le plus facile: on peut aussi désinstaller l’application.

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