Ruth Janssens, Small Teaser: « Cette fille vit du magazine qu’elle publie sur notre plateforme »

Small Teaser

Il y a une question à laquelle les bloggeurs et journalistes du monde entier aimeraient bien avoir une réponse: comment vivre de ce qu’on publie online? Eh bien Small Teaser, qui vient du Limbourg, a une proposition de réponse. Ruth Janssens nous explique ici comment Small Teaser tire parti de communautés de passionnés à travers le monde et des publicités qui leur parlent. 

Les femmes entrepreneures ne sont pas si nombreuses, force est de le constater. Celles qui entreprennent dans la tech le sont encore moins. Ruth Janssens est l’un de ces oiseaux rares mais ça ne lui fait ni chaud ni froid, visiblement. Ce qui compte, pour elle, c’est de mettre le doigt sur le bon business model, de ne pas se casser les dents à la Medium et de partir à la conquête du monde.

Concrètement, Ruth Janssens a lancé avec son frère Small Teaser: « Nous sommes une plateforme pour les bloggeurs et leur communauté. » Ceux qui y publient, le font gratuitement. Que ce soit du texte, des images ou de la vidéo. Small Teaser se rémunère avec la publicité et partage ce revenu avec ceux qui publient. Aujourd’hui, les éditeurs publient 250 magazines, c’est-à-dire plus de 6.000 articles, avec plus de 2 millions de lecteurs venant de plus de 200 pays. Il y a aussi plus de 4.000 utilisateurs enregistrés.

Qui choisit de publier via Small Teaser?

« Des gens, des particuliers, qui ont une passion et qui veulent la partager avec une communauté. Pour le moment, nous avons envie d’attirer par exemple des étudiants, qui aiment écrire, et des anglophones.

Nous aidons ces gens à publier, à se procurer du contenu et un revenu, en ligne. Une Anglaise publie un magazine consacré au parachutisme et en vit très bien. En fait, plus un article est populaire et lu, plus son auteur ou éditeur peut espérer en tirer un revenu, grâce à la publicité qui y est liée. »

Comment espérez-vous réussir là où Medium s’est cassé les dents?

« Medium est parvenu à lever beaucoup de fonds sans avoir un modèle pour gagner de l’argent. Nous gagnons de l’argent dès le départ: nous vendons des publicités, en nous basant sur les ‘key words’ de Google et nous en partageons les revenus, moitié-moitié, avec les éditeurs. Plusieurs d’entre eux, comme Skydive, peuvent aussi vendre leurs propres publicités, spécialisées pour leur propre secteur, grâce à leur réseau. « I love Hasselt » vend aussi ses propres publicités. Dans ces cas-là, on garde une commission de 15 % et l’éditeur – Skydive par exemple – se retrouve avec 85 % des revenus de la publicité. C’est une façon pour nous de motiver les gens à développer leurs propres publicités.

Aussi, on met en place un helpdesk qui vient en aide aux éditeurs et qui partage les bons trucs des uns et des autres. Par exemple, le magazine de parachutisme a publié une liste de ses articles les plus lus en 2016. Ça a vraiment très bien marché, on a partagé l’idée aux autres éditeurs. »

Comment ton frère et toi avez-vous eu l’idée de lancer Small Teaser?

« Mon frère travaillait au Royaume-Uni et il a rencontré une fille qui publiait ce magazine spécialisé sur le parachutisme. Elle avait du mal à passer au digital, elle cherchait une plateforme: elle voulait combiner ses publicités et les annonceurs qu’elle avait déjà, avec la possibilité d’inclure du contenu venu de parachutistes du monde entier. Idéalement, ce contenu devait pouvoir atterrir directement dans son système de gestion de contenu (CMS), de façon à ce qu’elle puisse décider si elle voulait le publier ou non et, si oui, le publier facilement.

Cela nous a donné l’idée de Small Teaser. »

Qu’est-ce que vous visez?

« Nous visons en priorité des auteurs et des éditeurs du Royaume-Uni et des États-Unis. C’est le monde anglo-saxon qui nous attire d’abord, puisque beaucoup de gens peuvent lire l’anglais à travers le monde. L’espagnol, le français, à terme, nous intéressent aussi. Et en 2017, nous comptons lever des fonds. »

« Woman in tech », est-ce une position enviable?

« C’est vrai que nous n’y sommes pas beaucoup de femmes. On trouve surtout des hommes en tech, qui ont un background technique – je pense que c’est une des raisons en tout cas.

En soi, je ne vois pas vraiment de différence. Ce n’est pas un désavantage. Parfois, on sort plus facilement du lot parce qu’on est une femme, justement. »

Travailler avec son frère, un bon plan?

« Stijn s’occupe de l’aspect technique. Mon focus est plus du côté marketing et des sales, donc on est complémentaire. Cela dit, on fait de tout dans une petite start-up comme celle-ci et on apprend énormément!

L’avantage de travailler avec son frère, c’est qu’on peut vraiment dire la vérité et atteindre une solution plus facilement qu’avec des amis ou des collègues. »

Quel avantage vois-tu à entreprendre après avoir travaillé ailleurs?

« Je suis contente d’avoir travaillé dans différentes sociétés, j’ai plus d’expérience – enfin, c’est un feeling mais… C’est plus facile quand on a de l’expérience et un réseau. Face aux clients et aux investisseurs, je ne fais pas trop jeune. »

Est-ce que le marché belge est un bon endroit pour lancer sa start-up?

« C’est un bon endroit pour lancer et tester son affaire: ici, on parle la langue, on peut s’appuyer sur notre propre réseau. Aussi, le développement nous coûte moins cher que ce qu’il nous coûterait aux États-Unis ou au Royaume-Uni.

Cependant, nos clients ne sont pas en Belgique. Nous sommes mondiaux et la concurrence, pour nous, ce sont des Medium, WordPress… Du coup, on se concentre sur un modèle qui génère un revenu, et sur le partage de ce revenu avec nos éditeurs. »

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