La rumeur selon laquelle Apple chercherait à racheter Disney est comme une vieille mélodie qui revient en boucle de temps en temps. Plusieurs arguments étayent pourtant ce marronnier, mais pourquoi revient-il aujourd’hui ?

L’actualité : L’analyste principale à Wall Street pour la banque d’investissement Needham, Laura Martin, assure dans une lettre envoyée la semaine dernière à ses clients qu’un rachat de Disney par Apple pourrait avoir lieu.

Le détail : « Une distribution solide et un contenu de classe mondiale sont des réseaux complémentaires. Autrement dit, ils valent plus ensemble que séparément », a assuré l’analyste dans sa note.

• « La combinaison de l’empreinte de distribution d’Apple, qui compte 1,25 milliard de clients uniques, et des 570 millions de consommateurs touchés chaque année par Disney, entraînerait une hausse de 15 à 25 % de l’évaluation pour les actionnaires d’Apple », détaille-t-elle dans sa note.
  • Sur base de sa capitalisation actuelle de 2.600 milliards de dollars, Apple pourrait voir sa valeur augmenter de 650 milliards de dollars (25 %) en rachetant Disney, poursuit-elle.
• Le résultat serait supérieur à une simple addition des valeurs des deux entreprises puisque chacune profiterait du savoir-faire de l’autre.

Mais un tel argument est-il suffisant pour évoquer une possible fusion entre Apple et Disney ? Pas vraiment.

• On pourrait en effet arriver à la même conclusion en imaginant la fusion de deux autres géants. Pourquoi pas Meta et Twitter ?
• Pourtant, dans le cas d’Apple et Disney, plus d’arguments avancés, ainsi que l’histoire entremêlée des deux, donne de la substance à la rumeur.

De nombreux arguments en faveur d’un rachat

Apple et Disney, deux mastodontes du marketing :

• Dans leur segment respectif, la firme de Cupertino et de celle aux grandes oreilles se positionnent au sommet. En fusionnant, elles pourraient gagner en puissance et assoir toujours plus leur domination sur leur marché respectif, mais aussi pourquoi déborder sur celui de l’autre.

Disney va mal, une opportunité pour Apple :

• À ce propos, Apple est davantage qu’une entreprise technologique. Elle s’est lancée sur le marché du divertissement et multiplie les efforts – et les investissements – pour se faire une place de choix sur ce secteur, face à Netflix, mais aussi Amazon Prime Video et… Disney +.
• En fusionnant avec le géant historique du divertissement qu’est Disney, Apple pourrait profiter de son expérience et son savoir-faire pour créer des licences qui fonctionnent, mais aussi, dans une certaine mesure, de son catalogue – à voir comment la fusion se concrétiserait.
  • En mars, Bloomberg a révélé qu’Apple prévoyait d’investir 1 milliard de dollars dans des productions de films en salle, signe des ambitions de l’entreprise en matière de divertissement.
• Et la firme de Cupertino pourrait s’offrir les services de Disney pour finalement une bouchée de pain puisque cette dernière se trouve actuellement en mauvaise posture, comme en témoigne la dernière prise de paroles de son PDG, ainsi que les 7.000 licenciements annoncés.
  • La firme aux grandes oreilles a en effet du mal à reprendre du poil de la bête à l’ère post-Covid.
  • Depuis son sommet de 350 milliards de dollars en 2021, Disney ne vaut plus « que » 180 milliards de dollars, soit 12 fois moins qu’Apple (2.610 milliards de dollars).

Les projets d’Apple, une aubaine pour Disney :

• Dans le sens inverse, la firme aux grandes oreilles pourrait également profiter de son rachat par Apple. Outre ses poches bien remplies, son expérience en matière de marketing et de produits populaires, Apple pourrait aider Disney à développer son métavers puisque le premier prévoit – normalement – de lancer un casque de réalité mixte.
• Cette fusion permettrait également à Apple d’élaborer des expériences immersives inspirées de l’univers de Disney à destination de son casque AR/VR.

Apple, le seul et l’unique

Si le géant de Cupertino a déjà racheté des entreprises par le passé, de taille modeste principalement, à l’exception de Beats en 2014 pour 3 milliards de dollars, il serait assez étonnant qu’il se tourne vers un mastodonte tel que Disney. Cela pourrait en effet déstabiliser son image de marque d’entreprise qui marche seule.

Plus encore, elle devrait accepter de trainer les casseroles de Disney. La firme aux grandes oreilles se trouve en effet régulièrement au cœur de scandales.

Reste que la proximité entre les deux et les propos du PDG de Disney concernant une éventuelle fusion continuent de nourrir la rumeur.

• Steve Jobs, cofondateur d’Apple, a été l’un des plus gros actionnaires de Disney à une époque. Il aurait également joué un rôle dans le rachat de Pixar par le géant du divertissement.
• Le PDG de Disney, Bob Iger – à nouveau aux commandes depuis peu, suite aux difficultés de l’entreprise –, a siégé pendant 8 ans au conseil d’administration d’Apple.
• Dans une interview avec Vanity Fair, il avait d’ailleurs assuré que si Steve Jobs était toujours en vie, les deux entreprises auraient pu fusionner. Et bien qu’il ait depuis démenti à plusieurs reprises la chose, ces propos cachent encore une part de vérité pour certains.

En résumé : beaucoup d’arguments peuvent soutenir un possible rachat de Disney par Apple, mais pour l’heure, ils reposent finalement sur pas grand-chose, des spéculations, voire des fantasmes. Sans signe concret allant dans ce sens, cette histoire restera ce qu’elle est : une rumeur – ou un joli conte de fées ?