Septembre a été un mois assez difficile pour la NASA. En effet, Artemis I, la première d’une série de missions visant à faire atterrir des astronautes sur la lune en 2025 ou 2026, a été reportée à plusieurs reprises. Ceci alors que le projet a déjà largement dépassé son budget. Mais comment celui-ci se compare-t-il réellement au coût du programme Apollo ?
Deux tentatives de lancement de la mission ont déjà eu lieu, à la fin du mois d’août et au début du mois de septembre, mais des problèmes techniques ont mis des bâtons dans les roues de la NASA. Celle-ci a ensuite passé les dernières semaines à bricoler le Space Launch System (SLS), le lanceur qui est censé mener à bien la mission, et a annoncé la semaine dernière que les problèmes techniques seraient désormais résolus.
Peu après, une nouvelle date de lancement a finalement été annoncée : le 27 septembre, le SLS devait enfin s’envoler. Pour la première fois depuis près d’un demi-siècle, une fusée capable de transporter des humains jusque sur la Lune était prête sur son pas de tir.
Mais samedi dernier, l’agence spatiale américaine a de nouveau annoncé une mauvaise nouvelle : le lancement a été reporté une nouvelle fois en raison de la tempête tropicale Ian. Après une brève période de consultation, il a même été décidé dimanche de ramener la fusée au Vehicle Assembly Building (VAB), le hangar géant où les engins spatiaux sont assemblés sur les lanceurs depuis des décennies. Cela signifie que le SLS ne pourra pas être lancé avant au plus tôt le 17 octobre, date à laquelle une nouvelle fenêtre de lancement s’ouvrira.
Un budget de 93 milliards ?
Un retard de plus pour les missions d’Artemis, ce qui n’est pas bon signe pour un projet qui a déjà été retardé plusieurs fois et qui coûtera également beaucoup plus que les estimations initiales.
Artemis I était censée être lancée dès novembre 2021. Selon une enquête menée par l’inspecteur général de la NASA en 2021, la pandémie de COVID, les défis techniques et les conditions météorologiques ont déjà fait revoir le calendrier à plusieurs reprises.
L’inspecteur général estime que le programme Artemis n’en a pas fini avec les défis : un rapport estime qu’il existe une forte probabilité que l’alunissage des astronautes soit finalement retardé de plusieurs années. Ironiquement, il faisait référence à une mission prévue en 2024, une date qui a effectivement été repoussée d’au moins un an entretemps.
En outre, l’étude mentionne un problème plus important : la NASA ne disposerait pas d’une image précise et complète du coût total du programme Artemis, qui pourrait atteindre 93 milliards de dollars. Un seul lancement du SLS coûterait plus de 4 milliards, soit huit fois plus que ce que la NASA envisageait en 2012. À l’époque, l’agence spatiale espérait lancer le SLS pour la première fois en 2017.
Le programme Apollo était beaucoup plus cher
Les projets ambitieux de la NASA visant à renvoyer des humains sur la Lune, voire à construire une base lunaire habitée, ne sont pas vraiment bon marché. Mais si vous les comparez au programme Apollo des années 1960 et 1970, tout cela ne semble pas si mal après tout.
En effet, selon l’ONG américaine The Planetary Society, le coût des missions Apollo entre 1960 et 1973 s’est élevé à 25,8 milliards de dollars, corrigé de l’inflation, soit quelque 257 milliards de dollars en 2020 (date de l’étude), une somme qui a encore pris de la valeur aujourd’hui.
Le budget total de la NASA était astronomiquement élevé pendant cette période, soit dit en passant. En 1965 et 1966, il représentait plus de 4 % du budget fédéral américain, soit 10 fois plus élevée que le budget actuel. En 2022, il ne représente plus que 24 milliards de dollars, contre 6 milliards de dollars lors du pic des années 1960, ce qui équivaudrait à 54 milliards de dollars en 2022.
MB