« Poursuivre De Wever en justice »: Elio Di Rupo (PS) attaque de front les « razzias » de « Air Francken »

À cinq jours des élections, un extrait sonore d’une réunion interne de la N-VA datant de 2016 fait surface. Bart De Wever (N-VA) use d’un langage particulièrement brutal à propos de criminels illégaux, qui sont arrêtés durant des « raids » et renvoyés dans leur pays via « Air Francken ». La réaction des Verts est outragée, mais le PS encourage encore plus l’indignation: Elio Di Rupo pointe le fait que De Wever peut être poursuivi pour ses propos. La polémique est complète, étant donné que Bart n’a pas l’intention de reculer. 

Le PS a réagi avec rage au clip sonore qui, à cinq jours des élections, est soudainement apparu sur le site du Vif. Ce fragment est le résultat d’une infiltration effectuée par un journaliste francophone, Aubry Touriel. Il s’est procuré une carte de parti N-VA et s’est retrouvé à toute une série de meetings internes pendant 3 ans. Dans l’extrait publié, on entend Bart de Wever parler de « raids », que sa police anversoise organise et qu’il coordonne avec le secrétaire d’état à l’asile et la migration, Théo Francken (N-VA). Avant d’ajouter qu’il faudra bien trouver des endroits pour renvoyer les criminels illégaux avec Air Francken. Une réunion qui date de 2016.

Du côté flamand, Groen a exprimé son indignation: « c’est choquant », a déclaré l’un des verts. Du côté francophone, les vannes se sont ouvertes. Lors du débat RTBF entre le président du PS Elio di Rupo et Zakia Khatabbi, co-présidente écolo, l’ex premier ministre a désigné l’enregistrement comme: « l’événement de la journée: un extrait dans lequel Bart De Wever énonce un nombre de propos abjects ».

Di Rupo de continuer en « condamnant fermement » ces derniers, tout en poussant un peu plus loin son outrage: « les déclarations de Bart de Wever pourraient être poursuivies dans la loi belge ». Le seul parti qui, jusqu’ici, a été condamné pour racisme dans l’histoire de la loi belge demeure le Vlaams Block, qui est aujourd’hui le Vlaams Belang.

La N-VA pousse l’accélérateur

Voilà qui complète la polémique: la N-VA ne recule devant aucune des déclarations de l’enregistrement. Au contraire, dans l’extrait l’on peut entendre un De Wever folklorique, qui explique à ses soutiens comment les razzias se déroulent et comment ils récupèrent les criminels « jusqu’à à ce que sa corbeille soit pleine ». Il mentionne aussi le fait que Francken surnomme les vols-retour: »Con Air of Air Francken », sous les rires de l’audience.

Sur Radio 1, De Wever a défendu son approche. Il a pointé que « il y avait des dealers de drogues, des maquereaux et des trafiqueurs d’humains », des « criminels illégaux », qui étaient à l’époque expulsés du pays. « Je suis fier de Air Francken, nous avons pu expulser 6250 personnes immigrantes criminelles du pays ». « J’espère qu’on y reviendra bientôt », a ajouté De Wever.

En passant, rien de secret ne se déroulait avec ces actions politiques: les journalistes étaient invités à ces raids et la Gazette d’Anvers avait réalisé un reportage à ce propos, d’après le porte-parole de De Wever. Un peu plus tard, Francken a publié ses chiffres de rapatriement sur Twitter. Puis tout le parti a commencé à relativiser l’approche, plutôt que de chercher des excuses vis à vis des termes utilisés dans l’extrait.

Une polémique forte dans la dernière ligne droite

Le timing de la N-VA semble tout tracé: les enregistrements qui apparaissent soudainement, puis une polémique féroce avec le PS, un discours qui n’est clairement pas politiquement correct, mais qui pourrait bien charmer ceux qui hésitent encore entre le Vlaams Belang et la N-VA.

Il est marquant que les autres partis du côté flamand n’aient pas réagi. Excepté Groen et le Vlaams Belang. Ce dernier voulait principalement montrer que « Air Francken » ne fonctionnait pas bien, ou alors pas assez. Pour chaque tweet d’un leader vert qui exprimait son indignation, Tom Van Grieken, président du VB, se répétait: Air Francken n’était pas suffisant.

Plus
Lire plus...