De nombreux analystes évoquent les interventions tactiquement excellentes du nouveau sélectionneur national Domenico Tedesco, qui a transformé en quelques semaines les Diables Rouges en une équipe qui fait saliver. Il y a quelques années, nous avions écrit que les Diables Rouges ne seraient jamais en mesure de remporter un titre. La situation est en train de s’inverser très rapidement. C’est une bonne nouvelle pour les supporters.
Certes, deux belles performances ne font pas encore le beau temps, mais force est de constater que les Diables retrouvent une certaine fraîcheur après une décennie de calvaire sous le sélectionneur Roberto Martinez. Ce que tous les observateurs disent depuis des années, à savoir qu’il s’agit potentiellement de la meilleure équipe du monde, pourrait soudain devenir réalité, même avec l’absence de plusieurs joueurs de premier plan. On ne se contente pas de battre l’Allemagne à l’extérieur, on le fait désormais avec la manière.
Cependant, les raisons ne sont pas stratégiques ou tactiques comme le prétendent certains analystes. L’amélioration des résultats est d’ordre psychologique et constitue une arme bien plus puissante que quelques lignes de craie sur un tableau ou qu’un Powerpoint. Elles sont toutes liées aux principes qui ont fait la grandeur de toutes les grandes équipes de l’Histoire.
1. Un vrai capitaine sur le terrain
Un seul peut être le patron et ce patron est sur le terrain, pas en dehors. Comme nous le disions il y a six mois, la décision de Tedesco de miser tous ses pions sur Kevin De Bruyne est un coup de maître. De Bruyne est un véritable leader et le parfait PDG de l’équipe belge, un joueur de haut niveau qui est exigeant mais qui a une vision claire de la façon dont l’équipe joue le mieux, en fonction de lui. Un tel personnage manquait à chaque fois dans les grands moments de la compétition.
2. Le feu sacré
On en a déjà beaucoup parlé, mais on remarque tout de suite que l’équipe va se battre pour la première fois depuis longtemps. Quelque chose s’est déclenché. Qu’il s’agisse de la volonté de prouver ou simplement de l’enthousiasme de jouer au football, les joueurs font preuve de dynamisme. Peu importe les bûches qui alimentent le feu, pourvu qu’il y en ait suffisamment dans les années à venir.
3. Jamais satisfait
Lorsque les Diables sont sortis du terrain après leur premier match, Tedesco et De Bruyne étaient unanimes. Ce n’était pas encore assez bien.
C’est cette mentalité qui a permis à l’équipe nationale de hockey, les Red Lions, de remporter les titres mondiaux et olympiques. Leurs réactions rappelaient celles du capitaine des Red Lions, Felix Denayer, qui ne tolère aucunement la médiocrité, mais fait valoir son point de vue à la manière des grands leaders : sans prétention, mais avec détermination. Nous n’oublierons jamais ses commentaires d’après-match, après que les Red Lions aient battu la meilleure équipe néerlandaise lors des éliminatoires à Tokyo : « Il faut faire mieux. Nous sommes à 90 % », a-t-il déclaré à la presse.
Ça pourrait difficilement être pire
Roberto Martinez est de loin le pire entraîneur que les Diables rouges aient connu.
Il a eu cette faiblesse d’avoir voulu être trop bon avec tous les joueurs. Ou bien – c’est bien sûr une hypothèse qui ne peut être étayée – n’a-t-il pas voulu d’une figure forte de leader dans son équipe, du type Vincent Kompany ou Kevin De Bruyne, parce qu’il se sentait alors menacé dans son autorité ? Pourquoi a-t-il régulièrement choisi comme capitaine Eden Hazard, qui est tout, sauf un leader ?
Guy Thijs, excellent sélectionneur des épopées des années 80, réalisait très bien que sans leader dans son équipe, les Diables performaient bien en deçà de leur potentiel. C’est pourquoi il a fait revenir un joueur tel que Wilfried Van Moer, qui n’était pas un leader comme les autres. Il avait déjà remporté plusieurs fois le Soulier d’or, non pas parce qu’il était très doué, mais parce qu’il était le capitaine idéal. Il a fait la différence au début des années 80, où les Diables Rouges ont obtenu leurs meilleurs résultats avec, il faut bien le dire, un effectif qui n’avait pas la moitié des qualités de la génération actuelle.
Mais qui sait, peut-être que Tedesco les surpassera tous et que nous remporterons un titre pour la première fois. Cela pourrait arriver plus vite qu’on ne le pense.
Xavier Verellen est auteur et entrepreneur