Le secteur de la restauration de plusieurs pays fait face à une pénurie de main-d’œuvre. Un vrai problème auquel les chaines de restauration tentent de répondre en se tournant l’automatisation des tâches.
L’actualité : de plus en plus de chaines de fast-food se laissent tenter par les robots pour effectuer certaines tâches.
- La chaine tex-mex Chipotle teste un robot pour élaborer des chips de tortilla.
- Sweetgreen, spécialisé dans les salades composées, prévoit d’automatiser la fabrication de certaines salades dans au moins deux de ses boutiques, selon CNBC.
- De son côté, Starbucks veut diminuer la charge de travail des baristas en automatisant au maximum la fabrication de café.
Le détail : l’année 2022 a été marquée par une vague d’annonces d’automatisation dans l’industrie de la restauration rapide, principalement aux États-Unis.
- Une tendance qui tient sa source dans la diminution de la main-d’œuvre. Les opérateurs se sont en effet efforcés de trouver une solution à ce problème, mais aussi à la nécessité d’augmenter les salaires pour attirer et conserver des employés.
- Avant même la pandémie, les restaurateurs avaient du mal à attirer et retenir les travailleurs. Quand la crise sanitaire a frappé, beaucoup ont été licenciés, sans revenir, alors que d’autres ont tout simplement démissionné lors de ce qu’on a appelé « la grande démission« . Aujourd’hui, près de trois quarts des restaurateurs sont confrontés à une pénurie, selon la National Restaurant Aussociation.
- Une situation qui les empêche de fonctionner à pleine capacité.
L’automatisation comme solution
Une situation problématique qui cache une opportunité pour certains, notamment pour les startups d’automatisation qui assurent que leurs robots peuvent retourner des burgers et assembler des pizzas plus rapidement que les employés surmenés et que leur intelligence artificielle est plus efficace pour prendre des commandes.
- L’entreprise Miso Robotics est sans doute celle qui a fait le plus parler d’elle cette année. Sa valorisation est de 523 millions de dollars, selon Pitchbook. En novembre, elle a levé 108 millions de dollars.
- Son produit phare est le robot Flippy qui peut retourner des burgers et faire frire des ailes de poulet pour 3.000 $ par mois. Il est présent dans 4 restaurants de la chaine de hamburger White Castle qui prévoit de l’intégrer dans 100 autres de ses établissements à l’avenir.
- C’est celui-ci que Chipotle teste pour fabriquer ses tortillas, il a été renommé pour l’occasion « Chippy ».
« L’avantage le plus important que nous apportons à un restaurant n’est pas de réduire ses dépenses, mais de lui permettre de vendre plus et de générer un profit »
a déclaré le PDG de Miso, Mike Bell, à CNBC.
Supprimer les tâches fastidieuses
Beaucoup voient dans l’automatisation une menace pour les travailleurs. Une critique à laquelle les entreprises répondent par la négative : les robots sont des moyens d’améliorer les conditions de travail, notamment en supprimant les tâches fastidieuses. Vraiment ?
- Avec la pandémie, de plus en plus de consommateurs se sont tournés vers les bornes de commandes ou les applications mobiles, au détriment des employés faits de cher et de sang.
- Cela a entrainé une révolution dans les chaines de fast-food. Aujourd’hui, certains ne proposent que ces bornes pour commander.
- De quoi permettre aux employés de se concentrer sur la préparation des commandes ? C’est possible.
- Or, comme l’a souligné Casey Warman, professeur d’économie à l’Université Dalhousie en Nouvelle-Écosse : « une fois que les machines sont en place, elles ne reculeront pas, surtout s’il y a d’importantes économies ».
- En d’autres termes, il est s’attend à ce que la poussée de l’automatisation dans l’industrie de la restauration réduise de façon permanente la main-d’œuvre humaine.
Une réelle menace ?
Pour l’heure : les efforts pour automatiser certaines tâches sont inégaux dans le secteur du fast-food et il faudra certainement plusieurs années pour que les robots se révèlent intéressants pour les entreprises, selon les experts.
- Autrement dit, les employés de la restauration rapide ont encore de beaux jours devant eux.
- « Je pense qu’il y a beaucoup d’expérimentations qui vont nous mener quelque part à un moment donné, mais nous sommes toujours une industrie à forte intensité de main-d’œuvre et axée sur la main-d’œuvre », a déclaré David Henkes, directeur de Technomic, une société de recherche sur les restaurants.
De plus : l’avantage économique des robots sur le long terme n’a pas encore été totalement déterminé.
- Plusieurs entreprises qui s’étaient tournées vers des robots ou des logiciels de commandes ont renoncé à leur projet.
- Le fait est que dans certains cas, les employés humains se sont révélés plus efficaces.
« L’idée des robots et de toutes ces choses, bien qu’elle soit peut-être excellente pour faire les gros titres, n’est pas pratique dans la grande majorité des restaurants. L’économie n’est pas au rendez-vous… Ce n’est pas demain la veille que cette solution sera généralisée. »
le PDG de McDonald, Chris Kempczinski.
Si ce n’est pas encore parfait à l’heure actuelle, il y a des chances pour que les robots destinés à la restauration rapide soient améliorés dans les années à venir. Dans ce cas, ils pourraient effectivement se révéler une menace pour les employés, encore faut-il qu’ils coûtent moins cher aux restaurateurs. Seul l’avenir nous le dira.