Pas du matin les députés wallons? La nouvelle majorité MR-cdH veut démarrer les séances plénières à… 14 heures

La majorité wallonne MR-cdH propose de décaler les séances plénières du mercredi à 14 heures, au lieu de 9h30/10h comme c’est le cas actuellement. Les députés auraient-ils du mal à se lever? Ou est-ce encore une question d’absentéisme? Il faut dire qu’avec la courte majorité de sièges dont dispose le nouveau gouvernement de Willy Borsus (MR), un seul retard se paye cher.

Dur dur le matin. La majorité MR-cdH fraîchement établie a proposé hier en conférence des présidents de repousser le début des séances plénières du mercredi à 14 heures, affirme Le Soir dans son édition papier d’aujourd’hui. Alors que celles-ci s’ouvrent traditionnellement à Namur entre 9h30 et 10 heures. Autrement dit, un décalage horaire de 4h30.

Les pour: une question d’efficacité et de sièges remplis

Pourquoi? Outre le fait que l’on pourrait croire qu’ils ne sont pas du matin, les députés libéraux et humanistes avancent le prétexte d' »efficacité ». En effet, ce serait, pour eux, un moyen de diminuer le nombre d’absences, retards et reports qui mettent à mal les discussions et les votes. Tous n’habitant pas à Namur, les élus disposeraient alors de plus de temps pour rejoindre la capitale wallonne. « La volonté n’est pas de réduire la charge de travail du parlement de Wallonie mais, bien au contraire, de trouver la manière la plus efficace de travailler », justifie au journal Jean-Paul Wahl, le nouveau chef de groupe MR. Une manière aussi d’éviter de jouer les prolongations jusqu’aux petites heures.

Mais cette idée vient également du fait que le MR et le cdH ne disposent ensemble que d’une courte majorité: 38 sièges sur 75. Du coup, un ou deux députés malades, retenus pour un problème familial ou coincés dans les embouteillages suffisent à mettre la majorité dans une infériorité numérique, et donc une position de faiblesse. Les députés soulignent encore que le Parlement fédéral a testé et approuvé depuis longtemps ce temps de travail décalé. Et c’est aussi de plus en plus régulièrement le cas du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Cocasses ou pas, les nouvelles dispositions n’ont pas pu être arrêtées hier par la conférence des présidents. Pourquoi? Le chef de groupe MR, Jean-Paul Wahl, et son homologue du cdH, Dimitri Fourny, étaient… absents. De quoi donner encore de l’eau au moulin du cdH et du MR.

Les contre: « Une injure à tous ceux qui se lèvent tôt »

Sans surprise, l’opposition PS et Ecolo n’est pas pour faire la grasse mat’. L’ancien ministre-président de la Wallonie, Paul Magnette (PS), a d’ailleurs déjà réagi. « La nouvelle gouvernance version cdH, on ne s’en lasse pas », a-t-il tweeté hier d’un air moqueur.

Le président du groupe PS, Pierre-Yves Dermagne, d’en rajouter une couche: « Cette grasse matinée offerte aux députés wallons est une injure à tous ceux qui se lèvent tôt pour travailler ou se rendre à l’école ». Il soulève aussi un autre problème pour la presse et la bonne communication des débats: « le risque est que le parlement se réunisse pratiquement à huis clos puisque les débats ne seront pas relayés dans les médias à la mi-journée et que les journalistes ne suivront pas des travaux qui se prolongeront au-delà de l’heure de bouclage. La transparence des travaux est en jeu. »

Et ce n’est pas tout. Décaler le début des travaux vers l’après-midi engendrerait aussi des coûts de fonctionnement plus importants. Parce qu’après 22 heures, tous les agents mobilisés ont droit à une demi-journée de récupération, et même une journée complète si les débats se prolongent au-delà de minuit. Sans compter les problèmes organisationnels pour remplacer tout ce petit monde.

Même le président du Parlement de Wallonie André Antoine – pourtant cdH – n’est pas pour de commencer à 14 heures. Selon lui, l’agenda surchargé et la masse de travail qui attendent les élus obligeront à se réunir tôt le matin, pour encore un bon moment. À vos réveils!

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