On l’a fait : greffer une tête d’un singe sur le corps d’un autre

Greffer la tête d’un homme sur le corps d’un donneur (en état de mort cérébrale) sera-t-il bientôt une réalité ? Non, vous n’êtes pas dans un film de science-fiction, mais dans la salle opératoire d’un neurochirurgien italien qui n’a pas froid aux yeux ! Une opération similaire sur un singe a été menée avec succès par des scientifiques chinois et ouvre la voie à d’autres expériences… Sur des humains ! 

C’est au groupe du professeur XiaoPing Ren, de l’Université médicale de Harbin, en Chine, que l’on doit ce succès. Après une série de greffes réussies de têtes de souris, les chercheurs sont parvenus à transplanter une tête de singe sur un corps de singe. Tout en préservant le cerveau, ils ont réussi à reconnecter la circulation sanguine entre la tête et le nouveau corps mais pas à ressouder la moelle épinière. L’animal a été maintenu en vie pendant vingt heures.

Les chercheurs chinois ont collaboré avec le neurochirurgien italien Sergio Canavero, spécialiste de la stimulation cérébrale.  » Le singe a survécu à l’opération, sans aucune lésion neurologique ou autre « , a-t-il affirmé à la revue New Scientist.

Une opération chirurgicale délicate

Le neurochirurgien souhaite réitérer l’expérience sur un humain et promet d’y parvenir d’ici 2017. Il avait exposé ses projets à la communauté scientifique l’an passé, non sans créer la polémique. Ses détracteurs l’avaient traité de fou.  » Une folie qui permettrait aux tétraplégiques de marcher et aux cerveaux les plus brillants de ne jamais disparaître…  » , s’était-il défendu dans une interview à Paris Match, en février 2015.

Ses patients seraient des personnes atteintes de dysfonctionnements neuromusculaires ou des malades au stade initial d’Alzheimer.  » Cette opération leur serait utile car il semble que les tissus neufs du corps peuvent avoir un effet rajeunissant sur ceux de la tête par le simple biais de la circulation sanguine « , explique le chercheur dans cette même interview.

Inspiré des découvertes du Docteur Robert White, un neurochirurgien américain qui tenta des greffes de têtes de chien et de singe dans les années 1970, Canavero propose une nouvelle procédure chirurgicale. Dans un premier temps, il détachera les têtes des corps, puis fusionnera la moelle épinière du corps du donneur avec celle de la tête du receveur. Pour ressouder la moelle épinière sectionnée, il propose  » un protocole mettant en oeuvre le  » raboutage  » des nerfs du donneur et receveur associé aux propriétés extraordinaires du polyéthylène glycol, une substance qui induit la fusion des fibres nerveuses coupées « , explique Sciences et Avenir. Un courant électrique permettra ensuite de reconnecter les deux cordons nerveux.

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Un premier volontaire humain

Le Docteur Sergio Canavero a déjà rencontré un premier candidat volontaire à subir une greffe de tête (sur un nouveau corps) : Valery Spiridonov. Ce jeune trentenaire russe est atteint de la maladie de Werdnig Hoffmann, une affection neurologique dégénérative qui se manifeste par des paralysies mais n’affecte pas le développement intellectuel.

En chaise roulante depuis son plus jeune âge, il s’est déclaré prêt à assumer les très gros risques de l’opération, malgré les avertissements du Docteur Hunt Batjer. Le président de l’American Association of Neurological Surgeons, a en effet déclaré à la chaîne de télévision CNN que l’opération était  » trop risquée  » et  » qu’il ne souhaiterait ça à personne « . Le patient risquerait de devenir fou.

La vie éternelle

Sergio Canavero aurait déjà été approché par des patients très riches désirant allonger leur vie en greffant des têtes âgées sur des corps jeunes. Car l’immortalité a un coût : 10 millions d’euros. Canavero devrait en effet être assisté par une équipe de 150 chirurgiens, anesthésiologistes, techniciens et infirmières. Deux opérations sur deux corps distincts devraient être effectuées en même temps.

L’opération est vivement critiquée, notamment par le clergé, aux Etats-Unis. Elle n’est pas à la portée de toutes les bourses et suscite beaucoup de questions d’ordre éthique. Elle pourrait sauver des vies, mais aussi devenir l’apanage des plus privilégiés. Et vous, qu’en pensez-vous ?

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Sources : metro.co.uk, Paris Match, L’Echo, Sciences et Avenir
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