Un groupe de 80 migrants issu du collectif de la Voix des Sans-Papiers (VSP) a tenté de se reloger dans un bâtiment vide rue des Sables à Bruxelles. Le souci, c’est qu’un riverain a décidé d’appeler la police qui est intervenue de façon musclée. Au total, six blessés du côté des migrants alors que la commune les avait autorisés à se reloger dans ce bâtiment.
Nouvelle preuve que la police est sous haute tension à Bruxelles. Hier après-midi, un groupe de migrants membres d’une association de sans-papiers (VSP) veut se reloger dans un bâtiment vide rue du Sables à quelques rues du Botanique. Ils devaient quitter l’ancien hôtel Astrid qu’ils occupaient depuis la mi-septembre. Ils en avaient apparemment reçu l’autorisation de la commune.
Sauf que tout a dégénéré quand un riverain a appelé la police: « Trois policiers en civil et qui ne portaient pas de brassard, nous ont interdit l’accès au lieu et ordonné de partir. Nous avons refusé et un policier a poussé un migrant contre une voiture », a expliqué à Belga, Modou, porte-parole de la VSP.
À partir de là, tout s’est empiré: « La situation s’est envenimée et nous avons essuyé de nombreux tirs de projectiles en plastique dur. Plusieurs personnes ont été matraquées et gazées. Des renforts de la police locale et fédérale sont arrivés, nous nous sommes défendus et avons échangé des coups avec les policiers », poursuit-il.
« C’est seulement après… »
Le porte-parole du collectif compte donc porter plainte « car le comportement de la police a été totalement disproportionné. Cette situation est anormale et inadmissible. Les policiers n’avaient aucun motif de nous agresser de la sorte, de nous gazer, frapper et tirer dessus. »
Du côté des policiers, on se défend: ils auraient été appelés sur place suite à des comportements suspects et au forçage de la serrure de la porte d’entrée du bâtiment: « Quand la brigade est arrivée sur place, elle avait été informée que la serrure du bâtiment avait été cassée et ignorait à quoi s’attendre. Une cinquantaine de personnes l’ont menacée. Les policiers ont alors fait usage de gaz lacrymogène et quelques personnes ont été légèrement blessées. C’est seulement après que les intervenants ont appris qu’ils avaient affaire à la Voix des Sans-Papiers qui déménageait », a indiqué à Belga Ilse Van de Keere, porte-parole de la zone de police de Bruxelles Capitale-Ixelles.
Theo Francken rebondit
Le secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations, Théo Francken (N-VA) a profité de cet incident pour relancer son idée de police des migrants, une « fast team » qui dépendrait de l’Office des étrangers et qui interviendrait lors de gros incidents. Le secrétaire d’État avait une nouvelle fois créé la polémique, car sa proposition découlait des événements du week-end dernier qui ont vu le centre de Bruxelles pris d’assaut par quelques casseurs mêlés aux supporters du Maroc. L’opposition a fustigé Theo Franken lui reprochant de faire des amalgames, entre migrants, personnes d’origine étrangère et jeunes délinquants.
Reste que la police, critiquée lors de ces dernières interventions, est une nouvelle fois au centre des débats. La tension y est extrême entre impréparation, manque d’effectifs, ordre de ne pas intervenir dans certains cas et abus de violences dans d’autres. Le bourgmestre de Bruxelles qui réagissait sur RTL-TVi sur les événements de la semaine dernière n’a pas commenté ce nouvel incident.
Pourquoi le FAST-team de l’Office des Etrangers est une excellente idée.https://t.co/qpLsjqBBo1 via @7sur7
— Theo Francken (@FranckenTheo) 19 novembre 2017