Nouveau scandale en vue à Bruxelles: après le Samusocial, faites place au Siamu

On rajoute une petite lettre, et on recommence. Faites place au Siamu, le Service d’incendie et d’aide médicale urgente de Bruxelles. Ici, pas de jetons de présence pour des réunions fictives. Mais c’est peut-être encore pire: les règles des marchés publics ne semblent pas avoir été respectées, quand elles existaient. La Cour des comptes a épinglé l’organisme géré par un homme étiqueté PS. Le MR est tombé sur le rapport et l’a partagé à La Libre. On vous explique tout.

La Cour des comptes a examiné quelques 132 marchés publics sur la période 2012-2015, pour un montant total de 9,2 millions d’euros. Absences de règles, justificatifs perdus, illégalités en tous genres… bref, toutes les conditions sont remplies pour permettre les fraudes.

Le groupe MR du parlement bruxellois a mis la main sur ce fameux rapport de la Cour des comptes et l’a transmis à La Libre. Le reste est au mieux affligeant.

Mais c’est quoi d’abord un marché public? Il permet aux autorités publiques de s’assurer, via des contrats, les moyens indispensables à leur bon fonctionnement. Que ce soit pour du matériel, des services ou des travaux (bâtiments). La règle? Mettre les différentes offres en concurrence.

La règle? Pas de règles

Le rapport pointe l’absence de procédure de manière générale. Chacun fait ce qu’il veut. Le Siamu se divise en fait en deux ailes: une branche administrative et une branche opérationnelle (les pompiers). Eh bien ce n’est pas la branche administrative qui s’occupe d’acheter le matériel par exemple. Ce sont les pompiers eux-mêmes, ou du moins leur hiérarchie, qui s’en occupent.

Pas de manuel de procédures, personne ne sait qui fait quoi, quand, où, c’est le foutoir complet avec « une augmentation du risque de fraude », note le rapport. Il n’est pas rare de tomber sur des dossiers où l’offre de départ a été modifiée.

Les procédures de marchés publics n’auraient pas été respectées pour l’achat de carburant (1,36 million d’euros de 2012 à 2015), de gaz (2,5 millions d’euros), pour les télécommunications (375.000 euros), les polices d’assurance…

Au-delà des procédures, c’est le principe de base de la mise en concurrence qui n’aurait pas été respecté. 60 des 138 marchés analysés posaient problème selon la Cour des comptes, « sans aucune justification valable pour 50 d’entre eux ». L’achat du matériel de bureaux, des pompiers, des véhicules, rien n’aurait été respecté.

Et même lorsque cette concurrence était mise en place, la procédure oblige normalement les autorités publiques à justifier leur choix plutôt qu’un autre. Là encore, le Siamu dérape. Pour de nombreux achats de fournitures, comme pour l’achat de 18 ambulances, rien. Rien ne permet de savoir pourquoi le Siamu a collaboré avec un fournisseur plutôt qu’un autre.

Responsabilités?

Mais quid des responsabilités dans cette nouvelle affaire bruxelloise? C’est le silence radio au niveau de la direction. Services opérationnel et administratif se renvoient la balle. Au niveau politique, l’actuel cabinet de Cécile Jodogne (DéFi), la ministre bruxelloise dont dépendent les pompiers, a promis une grande réforme du Siamu début 2018. Depuis 2014 déjà, elle œuvrerait en ce sens. Les irrégularités semblent antérieures à sa prise de fonction, quoiqu’elles pourraient se poursuivre. Elle a en tout cas assuré dans La Libre que « la sécurité des habitants n’a jamais été menacée ». C’est déjà ça.

Le MR, de son côté, demande une commission d’enquête comme pour le Samusocial. On notera que celui qui dirige le Service est étiqueté socialiste. Cela ne veut toutefois pas dire que la responsabilité du PS est engagée. Mais vu les antécédents, ce qui est mis en cause, c’est tout le système.

Le MR entendu

Suite à sa demande, le chef de groupe MR au Parlement bruxellois Vincent De Wolf (MR) semble avoir été entendu. La commission des Affaires intérieures se réunira mardi prochain pour une série d’interpellations. Et dès vendredi, le bureau élargi du parlement bruxellois se prononcera sur l’opportunité d’organiser une commission spéciale, précise encore La Libre.

Quand il n’y en a plus, il y en a encore, vous disait-on.

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