« Nous voulons qu’ils partent »: les autorités australiennes font évacuer et fermer un camp de réfugiés

Fermé officiellement depuis un peu moins d’un mois, le camp de réfugiés de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée était toujours occupé par 420 demandeurs d’asile. Jusqu’à aujourd’hui jeudi, puisque la police australienne est entrée dans le camp et a embarqué tous les réfugiés pour les placer dans des centres. De nombreux réfugiés eux-mêmes ont dénoncé cette action et posté des témoignages sur les réseaux sociaux. 

L’Australie est connue pour être très stricte par rapport à l’immigration. Depuis quelques semaines déjà, un camp de réfugiés situé en Papouasie, à Manus plus précisément, faisait déjà parler de lui. Près de 600 hommes vivaient dans ce camp jusqu’au 31 octobre, date à laquelle le camp a été jugé anticonstitutionnel. Depuis ce jour-là, les autorités australiennes avait quitté le camp, coupé l’électricité et l’eau. Jusqu’à aujourd’hui, les conditions dans lesquelles vivaient les réfugiés étaient déplorables. Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés avait condamné la gestion australienne de l’arrivée de ces demandeurs d’asile. L’idée était de dispatcher les réfugiés, essentiellement des hommes, et les emmener dans d’autres centres de rétention.

epa

Les réfugiés font de la résistance

Certains hommes ont quitté le camp et suivi les ordres des autorités australiennes à ce moment-là. Mais d’autres ont décidé de se barricader à l’intérieur du camp et de faire de la résistance. En effet, ils ont déclaré ne pas vouloir être trimballés de centre en centre, ou de prison en prison. Ils ont également dit qu’ils ne se sentaient pas en sécurité à l’extérieur du camp et que d’autres réfugiés avaient déjà rencontré certains problèmes avec la population locale, peut-on lire dans Le Monde.

Intervention musclée

Ce jeudi 23 novembre, la police papousienne est entrée dans le camp de réfugiés australiens et a embarqué de force les réfugiés résistants. Nombre d’entre eux ont témoigné de cette opération sur les réseaux sociaux et ont dénoncé les pratiques de la police. « La police, les forces spéciales sont par centaines maintenant, elles se dispersent dans le camp et autour du camp. Des soldats de l’armée se trouvent en dehors du camp. Nous sommes en état d’alerte maintenant, nous sommes attaqués. » écrit sur Twitter Behrouz Boochani, un journaliste kurde considéré comme le porte-parole du groupe de réfugiés. L’homme a décrit toute l’opération depuis les toilettes où il s’était caché pour éviter de se faire confisquer son téléphone. En effet, la police a mené une opération pour confisquer les téléphones des réfugiés.

Arrêté, Behrouz est un symbole

Sur la photo sur la droite, on voit le journaliste arrêté par les autorités. Son arrestation, dénoncée par Amnesty International, est devenue un symbole, mais surtout, elle a envoyé un très mauvais signal à l’Australie.

Sa façon de raconter, de décrire, reporter au monde la situation vécue à Manus n’a pas plu aux Australiens qui avaient pourtant tout fait pour éviter la présence médiatique dans le camp, selon le Guardian.

Il semblerait selon son compte Twitter que le journaliste ait été relâché. Il explique qu’on lui a crié dessus et reproché d’écrire contre les autorités australiennes.

« Nous ne céderons pas aux pressions »

Le gouvernement australien est vivement critiqué pour sa politique envers les réfugiés. Même si la demande d’asile de ceux-ci est fondée, ils ne sont pas acceptés sur le sol australien. Tout ce que Canberra (capitale australienne) a à leur offrir, c’est la possibilité de s’établir dans un autre pays ou de rentrer chez eux. Selon le premier ministre australien Malcolm Turnbull, cette politique permet d’éviter de dramatiques naufrages car elle dissuaderait les migrants de venir en Australie. Le ministre australien de l’immigration, Peter Dutton a commenté les actions en cours à Manus et a déclaré qu’il était scandaleux que des gens soient toujours là-bas. « Nous voulons qu’ils partent » a-t-il ajouté dans une déclaration à la radio 2GB.

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