Si elle a sans doute animé une bonne partie de ton enfance, la plasticine n’est à la base pas un jouet pour enfant. Elle a, en effet, été conçue dans les années 1930 par un fabricant de savon, dans l’unique but de nettoyer les tapisseries de la suie dégagée par les anciens poêles au charbon. Mais comment est-elle aujourd’hui parvenue à se glisser entre les mains des petits?
Dans sa tendre enfance, tout le monde s’est amusé un jour à jouer avec de la plasticine. Sous toutes les couleurs, cette pâte élastique – à la texture proche du chewing-gum – était géniale pour éveiller ton esprit créatif. Tu pouvais créer des monstres imaginaires et les faire s’affronter dans des batailles acharnées, ou plus sagement former des saucisses et des steaks et jouer à la bouchère.
Désolé, on a une révélation à te faire, qui va sans doute briser ton enfance. La plasticine Play-Doh n’a pas été conçue pour les gosses, en tout cas initialement. On en doit l’invention – en fait accidentelle – à Noah McVicker au début des années 1930. L’homme était à la tête de Kutol Products, une usine de savon basée à Cinncinnati dans l’État américain de l’Ohio. À l’époque, la société de grande distribution Kroger Grocery l’avait chargé de développer un matériau capable de nettoyer la suie sur les papiers peints, puisque les gens se chauffaient encore majoritairement au charbon.
De nettoyant mural à outil scolaire
Et c’est ainsi que la plasticine est née. D’abord uniquement de couleur blanche, elle était particulièrement utile pour donner une seconde vie aux murs près des poêles à bois, puisqu’elle est collante et accroche tout ce qui passe. Mais quelques années plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, le papier peint vinyle, sur lequel tu peux passer une éponge mouillée sans problème, a fait son apparition et le chauffage au pétrole et au gaz a doucement commencé à remplacer le charbon. Ce qui a fait perdre à la plasticine son utilité et mis au bord de la faillite l’usine de Noah McVicker.
Heureusement, la sœur de Joseph McVicker, le neveu de Noah, était là pour sauver l’affaire. En tant qu’institutrice maternelle, elle a voulu expérimenter la plasticine avec ses élèves pour développer de nouveaux ateliers artistiques. Puisque c’était un succès, les McVicker ont alors décidé d’adapter leur création en jouet pour enfant, en fondant en 1956 la Rainbow Crafts Company, toujours à Cincinnati, et en la commercialisant peu après sous le nom « Play-Doh« .
Au début, la plasticine n’était que blanche et était vendue en gros bidons d’environ 700 grammes. Mais quelques mois après, en 1957, l’entreprise familiale a mis sur le marché des pots plus petits aux couleurs rouge, jaune et bleue, bien distinctives de la plasticine actuelle.
La marque Play-Doh est aujourd’hui détenue par le géant du jouet Hasbro, mais la formule de la plasticine reste toujours un mystère. Si l’on sait qu’elle se compose d’eau, de sel et de farine, l’ingrédient magique qui la rend si extraordinaire est totalement inconnu.