L’entreprise Ubisoft a connu un retour de bâton après l’annonce d’un projet de vente d’équipement sous forme de NFT, dans un jeu vidéo. La communauté des joueurs et des joueuses semble peu réceptive à l’adoption de ces jetons dans leur univers.
Avant, il suffisait d’acheter un jeu, de le mettre dans la console, et de jouer. Aujourd’hui, la communauté gamer semble nostalgique de cette simplicité. Elle est de plus en plus critique des systèmes d’achats dans le jeu, qui peuvent faciliter l’expérience, et sans lesquels on ne peut parfois même pas avancer. La communauté sent qu’elle devient la vache à lait de l’industrie. Et aujourd’hui, elle critique l’adoption d’une plateforme appelée Quartz, par Ubisoft, où les joueurs peuvent acheter des NFT.
D’abord Fifa, et ses packs de cartes, qu’il fallait payer pour obtenir sans savoir à l’avance la qualité des joueurs de football obtenus, même contre une forte somme pour un paquet de cartes qui avait l’air prometteur. Cette formule de jeu a même été interdite par des tribunaux, notamment en Belgique en 2018, car contraire aux lois sur les jeux d’argent et la protection des mineurs.
En 2018 toujours, les joueurs s’étaient plaints contre le même développeur (Electronic Arts), concernant le jeu Star Wars Battelfront II : On pouvait y acheter simplement des personnages, là où normalement il aurait fallu jouer de longues heures pour les déverrouiller. Une injustice pour ceux qui s’y sont dédiés pendant le temps nécessaire, et contraire au principe d’évolution et de niveau qui prévaut dans les jeux vidéos – EA a alors retiré cette option.
Des NFT pour de l’équipement unique
En début de mois, le développeur français Ubisoft a présenté un nouveau projet dans une vidéo. Via une plateforme appelée Quartz, il sera possible pour les joueurs de Ghost Recon Breakpoint d’acheter de l’équipement, sous forme de NFT (jetons non fongibles, « objets » uniques et certifiés par la blockchain), qui portent un numéro de série, et qui peuvent se revendre entre joueurs, tout en gardant une liste des anciens propriétaires.
Face à cette annonce, la communauté gamer était également révoltée. Les joueurs critiquent l’initiative, qui ne serait qu’une méthode de faire de l’argent. « Ils traient la vache à lait qu’est la franchise, jusqu’au dernier cent, sans faire le moindre effort pour le jeu en lui-même », se fâche OperatorDrewski, youtubeur spécialisé dans les jeux, repris par CNBC.
Sur YouTube, il n’est plus possible de voir le nombre de dislikes sur une vidéo, mais via certains logiciels, des utilisateurs peuvent tout de même constater les dégâts. Aux dernières nouvelles, il y avait 40.000 « ne me plaît pas » pour 1.600 pouces favorables.
« Gratuité »
Un porte-parole d’Ubisoft a répondu au média que ces NFT sont actuellement gratuits. L’entreprise ne prendrait pas non plus de pourcentage lors de reventes. Il s’agirait aussi plutôt d’une expérience.
Pour le représentant, ces éléments sont optionnels, et ils n’ont aucun impact sur le jeu. Le projet est aussi critiqué pour l’impact environnemental des cryptomonnaies, ce à quoi le représentant répond qu’Ubisoft utilise un réseau moins énergivore, appelé Tezos.
Autres montées au créneau
Ubisoft n’est pas la seule entreprise a avoir essuyé un backlash, une vague de critiques, sur l’utilisation de NFT. Le développeur GSC Game World voulait en ajouter dans Stalker II, mais a arrêté son initiative après l’expression du mécontentement des fans.
Pour le patron d’EA, les jetons sont une part importante du futur de l’industrie. Mais le directeur de Xbox trouve que les efforts pour amener les NFT dans les jeux vidéos sont ressentis comme de l’exploitation. Même son de cloche auprès de l’hôte de la cérémonie The Game Awards. Il trouve que cela peut s’avérer intéressant pour les créateurs des NFT, mais il craint que les jeux ne deviennent alors qu’une plateforme pour faire du commerce.
D’un autre côté, il existe aussi des jeux basés sur la blockchain, comme Axies Infinity, une sorte de Pokémon mais où les créatures sont des NFT.
Lire aussi: