Il y a quelques semaines, Yoel Roth, alors responsable de la confiance et de la sécurité chez Twitter, a rendu sa démission. Une décision directement liée à l’arrivée d’Elon Musk à la tête de l’entreprise. Il s’explique.
L’ancien responsable de la sécurité de Twitter se met à table: Musk le « dictateur » et la dépendance à Apple
Pourquoi est-ce important ?
Si Elon Musk a choisi de licencier plusieurs milliers d'employés, d'autres sont aussi partis de leur plein gré. Ils n'aimaient pas du tout le virage entrepris par leur nouveau propriétaire et patron. Leur principale inquiétude réside dans la nouvelle politique de modération prônée par l'homme le plus riche du monde.Dans l’actu : l’ancien responsable de la sécurité de Twitter donne sa première interview.
- Yoel Roth a démissionné il y a quelques semaines. Avant cela, il était le responsable de la confiance et de la sécurité (trust and safety) chez Twitter. Il avait notamment été derrière la décision de bannir le compte de Donald Trump après l’émeute du Capitole.
- Dans les jours qui avaient suivi l’arrivée d’Elon Musk à la tête de Twitter, Roth avait assuré que le réseau social resterait un lieu sûr, peut-être même plus sûr encore.
- Visiblement, il a changé d’avis.
Les déclarations : rien de rassurant à l’horizon.
- Interviewé mardi à l’occasion de la conférence de la Knight Foundation, Roth est revenu sur ses propos initiaux. Non, Twitter n’est pas plus sûr sous Elon Musk, a-t-il confié. Et c’est notamment pour ça qu’il est parti.
- « L’une de mes limites était que si Twitter commençait à être dirigé par un décret dictatorial plutôt que par une politique… je n’aurais plus besoin de mon rôle, de faire ce que je fais », a-t-il déclaré.
Zoom avant : beaucoup plus d’opacité.
- Selon Roth, environ 2.200 personnes dans le monde se consacraient à la modération de contenu sur Twitter avant la prise de pouvoir de Musk.
- Désormais, ce chiffre est inconnu, car le répertoire de l’entreprise a été désactivé, a-t-il expliqué. L’on sait en tout cas que parmi les 5.000 employés licenciés, de nombreuses personnes travaillaient dans la modération.
- Il a ajouté que son équipe et lui avaient émis des avertissements relatifs à l’idée de Musk de faire payer les utilisateurs souhaitant être certifiés, mais qu’ils n’avaient pas été suivis. Un choix qui a finalement tourné au fiasco.
Zoom arrière : les annonceurs toujours plus prudents.
- Dans son interview, Roth est également revenu sur la bataille entre Twitter et Apple qui a récemment débuté.
- Musk a indiqué qu’Apple avait « pratiquement arrêté » ses campagnes publicitaires sur Twitter et qu’elle avait menacé l’entreprise de retirer sa plateforme de l’App Store.
- De quoi déclencher le courroux de Musk, qui s’est demandé si Apple « détestait la liberté d’expression aux USA ».
- « Je pense que Twitter a bien plus besoin d’Apple que cette dernière n’a besoin de Twitter », a commenté Roth. Dans une tribune publiée dans le New York Times il y a quelques jours, il avait déjà indiqué qu’Apple, tout comme Google, disposait d’un « pouvoir énorme pour façonner les décisions de Twitter », dans la mesure où ils étaient en mesure de restreindre l’accès à la plateforme à des milliards d’utilisateurs potentiels.
- Toutefois, selon lui, une suppression de Twitter de l’App Store demeure peu probable. « Je pense qu’Apple est une entreprise très avisée ; ils sont très stratégiques. Je pense qu’en fin de compte, leur objectif principal est de construire des produits que leurs clients aiment. Il faudrait que quelque chose de vraiment dramatique se produise pour qu’Apple retire Twitter de l’App Store. Je pense que les deux parties ne veulent pas que cela se produise », a-t-il expliqué.
- Dans le même temps, outre Apple, de nombreux annonceurs continuent de réduire leurs dépenses sur Twitter… si elles n’ont déjà pas coupé les ponts.
- D’après les informations de Platformer, les revenus publicitaires de Twitter sont en baisse de 15% par rapport à l’année précédente et les réservations hebdomadaires sont en baisse de 49 % en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique.
- « C’est catastrophique », a même déclaré un ancien cadre du site.