Selon Emma Chiu, observatrice des tendances chez Wundermann Thompson Intelligence, il reste encore beaucoup d’obstacles à franchir avant de pouvoir parler d’un vaste monde virtuel 3D en ligne, le fameux métavers. « Mais les frontières entre les mondes physique et numérique s’estomperont », a-t-elle prédit sur la scène de la Journée des tendances de l’UBA.
La question : le métavers est-il la prochaine phase inévitable de l’internet ou s’agit-il d’un battage médiatique exagéré ? Les avis sont partagés, comme l’a montré le vote organisé par Emma Chiu lors du congrès annuel de l’Union des annonceurs belges (UBA) la semaine dernière au Palais 12.
L’analyse : Emma Chiu a énuméré plusieurs obstacles au nouvel internet 3D.
- L’un des plus importants est sans doute l’interface qui remplacera l’appareil standard actuel, le smartphone. S’agira-t-il d’une version allégée des encombrantes lunettes 3D actuelles, de lentilles sophistiquées ou d’autre chose ? « Il faut que ce soit quelque chose que nous ayons envie d’utiliser au quotidien. C’est un peu comme si nous utilisions notre téléphone portable en permanence », explique Chiu.
- Un autre défi est ce que l’on appelle dans le jargon technologique « l’interopérabilité ». Si Meta crée un monde virtuel et que Microsoft en crée un autre, pourrons-nous passer de l’un à l’autre en toute transparence ? « Ces différents mondes virtuels doivent communiquer entre eux. Et nous pourrions être en mesure d’avoir un avatar qui passe d’un monde à l’autre. Nous n’en sommes pas encore là, car les entreprises veulent posséder leur propre monde et ne veulent pas que d’autres personnes en fassent partie. »
Avatar
L’étape intermédiaire : peut-être devrions-nous oublier le super terme de métavers pendant un certain temps et nous concentrer sur la réalité augmentée (RA) et l’identité virtuelle, suggère Chiu. Il s’agit en effet de deux phénomènes que nous connaissons déjà et qui continuent à se développer.
- « Nous créons déjà aujourd’hui des couches numériques autour du monde physique. Cela ne fera qu’augmenter. Peut-être que plus tard, nous nous demanderons comment nous avons pu survivre sans la RA, tout comme nous nous demandons aujourd’hui comment nous avons pu nous passer de l’internet. »
- « Les assistants de mode virtuels utilisant la réalité augmentée deviennent de plus en plus sophistiqués. À tel point que cette garde-robe virtuelle semble déjà un peu réelle. »
- « À Vienne, vous pouvez faire un tour de ville où la réalité augmentée vous permet de revoir les bâtiments du passé, grâce aux fonctions de réalité augmentée de votre smartphone.
- Les frontières entre votre identité hors ligne et votre identité virtuelle vont également s’estomper, note la trendwatcher.
- « Une enquête menée par mon équipe l’année dernière a montré que 76 % des gens disent qu’ils veulent que leur avatar exprime leur individualité comme ils ne peuvent pas faire dans le monde physique. »
- « En outre, 51 % des personnes estiment qu’elles peuvent être plus fidèles à elles-mêmes dans les mondes virtuels que dans le monde physique. La question sera de savoir si nous créons des identités qui sont d’autres alias de nous-mêmes, si nous créons en fait une version plus fidèle de nous-mêmes ».
Résumé : La science-fiction des films comme « Matrix » ou « Avatar » ou des séries comme « Black Mirror » – où les mondes virtuels supplantent le monde hors ligne – pourrait bien être rapidement dépassée par la réalité, prédit Chiu.
- Nous commençons de plus en plus à transformer nos vies en « vies augmentées ». Alors que les frontières continuent de s’estomper, les générations futures jugeront-elles encore nécessaire de faire la distinction entre les mondes physique et virtuel ? Le métavers – ou quel que soit le nom qu’on lui donne – se rapprochera alors à nouveau de nous. »