L’Espagne rage de nouveau contre la Belgique, cette fois à cause de Di Rupo et Jambon

L’Espagne n’est pas très contente de son partenaire européen. Et c’est peu de le dire. Non seulement à cause de l’ennemi public numéro 1, Carles Puigdemont, qui s’est réfugié sur notre territoire, mais aussi à cause des déclarations fracassantes de nos responsables politiques. Et même au sein de notre gouvernement. Jan Jambon déclarait « se poser beaucoup de questions » sur la situation espagnole, ce dimanche sur VTM. Pendant que Di Rupo changeait de cible et s’attaquait au comportement « franquiste » de Rajoy.

« Lorsque la police est allée frapper des gens, on peut quand même se poser des questions. Lorsque l’État espagnol a enfermé deux leadeurs d’opinion, je me pose des questions. Et maintenant le gouvernement espagnol qui va agir à la place d’un gouvernement élu démocratiquement, des membres d’un gouvernement qui sont mis en prison… Qu’ont-ils fait de mal? Simplement appliquer le mandat qu’ils ont reçu de leurs électeurs », c’est un Jan Jambon très interrogatif qui s’est exprimé ce dimanche sur VTM.

Il attend donc de l’Union européenne qu’elle se prononce sur la crise, et qu’elle ne laisse pas la Belgique comme la seule à prendre position dans la crise catalane. Certes Charles Michel n’a pas encore officiellement réagi, mais tour à tour, Theo Francken, Bart De Wever et maintenant Jan Jambon y sont allés de leur grain de sel.

« Xénophobe »

Sauf que l’Espagne commence à en avoir assez. Le porte-parole du Parti populaire, le parti du Premier ministre Rajoy, mais aussi vice-président du Parti populaire européen (coucou Merkel), s’est une nouvelle fois exprimé: il qualifie les déclarations belges « d’irresponsables et dangereuses pour le « le maintien d’une coopération nécessaire entre États membres de l’Union européenne. » Le porte-parole ajoute qu’un « des principes fondamentaux de l’UE est la confiance mutuelle entre États membres et si le ministre Jambon doute de l’impartialité et du respect de la loi de la justice espagnole, alors le ministre perçoit sans doute mal les démocraties en Europe ».

Le porte-parole et vice-président du PPE montre aussi les dents et n’hésite pas à qualifier la N-VA de « parti nationaliste, anti-européen et contraire aux valeurs de l’UE ». Il ajoute que « ce parti auquel appartient M. Jambon est connu pour ses antécédents xénophobes et à l’encontre de l’égalité entre les personnes, ainsi que pour son rejet des étrangers. Il serait donc préférable qu’il s’abstienne de donner des leçons à la démocratie espagnole dans laquelle les droits humains, la loi et l’état de droit sont respectés ». Le porte-parole ne prend donc plus de pincettes.

Elio en rajoute une couche

D’autant qu’Elio Di Rupo en a aussi remis une couche. Jusqu’alors plus favorable à une solution espagnole, les derniers événements (l’emprisonnement des plusieurs responsables catalans) ont fait basculer l’opinion de l’ancien Premier ministre. Il a qualifié le comportement de Rajoy de « franquiste » avant de suggérer une solution fédérale pour l’Espagne. Le mot « franquiste » fait référence à la dictature en Espagne, mais aussi aux racines du Parti populaire.

Mais est-ce que la Belgique doit s’en faire de cette crise diplomatique avec l’Espagne? Sans doute lors des prochains sommets européens où l’atmosphère risque d’être tendue. Mais sinon pas vraiment. L’Europe fonctionne de manière autonome et automatique pour beaucoup de choses, peu importe le comportement des États membres. L’Espagne pourrait toutefois ennuyer la Belgique pour la nomination de notre pays au Conseil de Sécurité de l’ONU par exemple, ou lors de top réunions au sein de l’UE. Mais est-ce dans son intérêt? Poser la question c’est y répondre.

En tout cas, cette crise catalane qui s’est immiscée en Belgique via la fuite de Puigdemont est parvenue à mettre le PS et la N-VA d’accord. Et ça, ça tient presque du miracle.

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