Le streaming est le moyen le plus répandu pour écouter de la musique. Une évolution inévitable mais qui ne conduit pas à une répartition égale des revenus.
Cette conclusion ressort d’une étude de l’agence Alpha Data, basée sur les plateformes de streaming qui regroupent les quelques 1,6 million d’artistes qui ont sorti un morceau au cours de l’année 2020. L’analyse a montré que 90% du flux de ces plateformes se concentraient sur 1% des artistes présents. Les 99% autres chanteurs et musiciens doivent se partager les 10% restant.
Gains
« Il existe un déséquilibre majeur dans la consommation des produits musicaux », explique Alpha Data. « Au cours de l’année écoulée, 90% de la consommation totale de musique dans le monde pouvait être répartie entre 16 000 artistes. De plus, 160 000 artistes – soit 10% des prestataires présents sur les plateformes – revendiquaient 99,4% de toutes les écoutes. En conséquence, à peine 0,6% de la consommation totale a été distribuée à 1,44 million d’autres membres de la communauté musicale. »
« Cela a également des conséquences financières importantes », poursuit l’agence. « Il faut se rendre compte que le prix par écoute est extrêmement bas. Une plateforme comme Spotify paie un tarif compris entre 0,3 et 0,5 cent par flux, pour la plupart des artistes. »
« En outre, la bibliothèque musicale au niveau mondial de Spotify augmente d’environ 40 000 nouveaux morceaux par jour. La concurrence pour attirer l’attention des consommateurs est donc en constante augmentation. En conséquence, le public potentiel pour les 99% des artistes les moins connus risque de diminuer. »
« D’un autre côté, les chiffres montrent que les artistes avec le plus grand nombre d’écoutes ont trouvé une nouvelle source de revenus intéressante », affirment les chercheurs. « Au début de l’année, Metallica a déclaré que sa musique avait été diffusée un milliard de fois sur Spotify. Même avec les plus bas tarifs de Spotify, cela représente environ 3 millions de dollars. »
« Pour Metallica, cela représente 8.000 dollars par semaine depuis que le groupe a fait son apparition sur Spotify, soit il y a 8 ans. Les revenus pour les nouveaux hits musicaux sont encore plus importants. L’année passée, la chanteuse et compositrice Tones and I a sorti le titre Dance Monkey. À elle seule, la chanson a été écoutée plus de 1,8 milliard de fois sur Spotify. L’artiste a donc gagné au moins 5,44 millions de dollars.’
La radio
« Il est clair que dans le monde de la musique, les nouvelles technologies ne permettent pas de réduire l’écart entre l’élite et les autres artistes. Au contraire, elles risquent même de l’agrandir », a indiqué le magazine Rolling Stone en réponse à l’étude. « Au départ, le streaming était vu comme offrant une chance de mettre les artistes sur un pied d’égalité, chaque chanteur ou groupe avait les mêmes chances de proposer un grand succès et de faire une percée définitive. »
« Les analystes pensaient également que les amateurs de musiques grand public se dirigeraient vers ces plateformes. Mais dans les chiffres, cette idée ne s’est pas réalisée. Plus de la moitié des artistes semblent avoir moins de 100 écoutes. » Selon le média Rolling Stones, il faudrait même envisager que le streaming est en réalité beaucoup plus polarisant que les autres plateformes musicales. « En regardant la période de l’étude, il semble que pour les ventes d’albums physiques, les 1% des artistes ne récupèrent finalement que 54% des revenus totaux. » Une infime quantité par rapport au pourcentage du streaming.
Le magazine précise : « Toutefois, le streaming est mieux que la radio. Le média audio diffuse 99,996% du temps les morceaux de seulement 1% des artistes. »