Tous les effets bénéfiques du Covid-19 sur nos émissions de CO2 se sont envolés en un rien de temps

C’était la grande bonne nouvelle qui accompagnait l’urgence pandémique et le confinement généralisé d’une bonne part des sociétés de notre planète : on espérait offrir ainsi à notre Terre un moment de répit, une véritable bouffée d’oxygène dans notre consommation effrénée d’énergies fossiles et nos émissions gargantuesques de carbone. Et pendant un moment, les effets de notre baisse d’activité se sont fait réellement sentir. Mais ce n’est déjà plus qu’un souvenir doux-amer.

Ce n’était pas il y a si longtemps, et pourtant cela semble dater d’une autre époque : au printemps 2020 notre monde était à l’arrêt, le Covid-19 faisait des ravages, mais paradoxalement, on respirait mieux. Avec nos milliards de moteurs à l’arrêt, nos émissions de suie, de particules fines et de gaz à effet de serre ont soudain chuté à des taux qui nous paraissaient dater d’un lointain passé. Notre planète était tellement calme qu’on voyait revenir des animaux sauvages à des endroits qui nous paraissaient incongrus, dont des dauphins dans les canaux enfin clairs de Venise.

La Cop26, coup dans l’eau

Mais tout cela date déjà d’une autre époque, et le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) démontre qu’on n’en a tiré aucune leçon : l’année 2021 a vu un tel rebond des émissions de CO2 liées aux énergies fossiles que le creux de 2020 est déjà effacé. On a même émis 6% de carbone en plus qu’en 2019, soit 6,3 milliards de tonnes supplémentaires envoyées dans l’atmosphère. D’autant que la crise énergétique a succédé à la relance économique, et que pour remplacer le gaz, bien des pays ont nourri leurs industries de charbons, annulant ainsi bien des efforts plus ou moins concrets qui venaient d’être décidés au sortir de la Cop26.

Born in the 70’s

L’année en cours ne s’annonce guère moins grise, la guerre en Ukraine forçant de nombreuses économies à chercher des alternatives au gaz et au pétrole russe ; ce qui n’est guère une bonne nouvelle, la plus aisément accessible étant globalement le charbon. Une situation qui pousse d’ailleurs l’AIE à inciter les États à mettre en place des mécanismes d’économie et de rationnement qui rappellent le choc pétrolier des années 1970 rapporte Le Monde, quand, par exemple, des pays européens imposaient de véritables journées sans voitures, et ce plusieurs fois par semaine. Non pas par souci écologique, mais parce que notre économie est vraiment dans de sales draps, tant elle dépend encore des énergies fossiles.

La politique des petits gestes

L’Agence va jusqu’à présenter des schémas explicatifs des manières d’économiser le carburant qui rappellent à la fois l’époque de la première grande prise de conscience écologique, et les périodes de rationnement en temps de guerre : diminution des vitesses autorisées sur les autoroutes, covoiturage, recours au télétravail, aux transports collectifs et au train plutôt qu’à l’avion. Des petits gestes qui peuvent soulager les portefeuilles, mais qui ont toutefois bien peu de chance de suffire pour le climat.

Copyright : Agence internationale de l’Énergie.

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