Le Palais fait un choix très contesté en invitant le PTB et pas le Vlaams Belang ou le Parti populaire

Drôle de façon de gérer la première crise politique qu’il affronte. Le roi Philippe invite les communistes du PTB-PVDA et DéFI, mais pas le Vlaams Belang, le Parti populaire ou les indépendants Vuye&Wouters. « Incompréhensible que 550.000 électeurs flamands soient ignorés », s’indigne Tom Van Grieken, le président du parti d’extrême-droite flamand.

Pour sa première crise politique, le roi Philippe semble partir d’un mauvais pied. Après la chute du gouvernement Michel II, le choix est pourtant assez simple, étant donné qu’il n’y a pas 46 options.

Le roi Philippe doit accepter ou non la démission du gouvernement. S’il accepte la démission, il doit ensuite charger le Premier ministre d’expédier les affaires courantes ou de procéder à la dissolution des Chambres en vue d’élections anticipées. Pour cela, il est occupé à consulter les différents partis du Royaume. Mais dans le nord du pays, les critiques fusent. Car le roi ne consulte pas l’ensemble de l’échiquier politique.

Initialement, seuls les partis ayant un groupe important à la Chambre étaient reçus. Les partis avec trop peu de sièges n’avaient pas voix au chapitre. Mais après coup, il s’avère que le PTB et DéFI ont également été conviés à rencontrer Philippe.

C’est assez étrange, car les communistes sont idéologiquement à l’extrême gauche. Et DéFI suit une ligne anti-flamande assez radicale du point de vue du nord du pays, comme ont pu parfois le démontrer les propos de son président, Olivier Maingain, tout au long de sa carrière. D’un point de vue purement mathématique, c’est également surprenant: le PTB n’a que deux sièges francophones à la Chambre tout comme DéFI.

A l’opposé, le Vlaams Belang. Le parti d’extrême-droite, qui a trois sièges au Parlement, a très mal pris le fait de ne pas être interrogé par le roi: « Je prends note que tous les Belges ne sont pas égaux. Apparemment, les électeurs du Vlaams Belang sont des citoyens de seconde classe pour le roi », a déclaré le président Tom Van Grieken. « Cependant, les 550.000 électeurs flamands du Vlaams Belang ont une opinion très claire. »

Dans le passé, Philippe, en tant que prince héritier, s’était déjà rendu impopulaire dans la sphère politique en prenant position lors d’une interview. Il avait mis en garde tous ceux qui « s’attaquaient » à la Belgique. En 2014, après la tenue des élections fédérales, le Vlaams Belang n’avait déjà pas été reçu. Cette posture, considérée comme anti-séparatiste, avait clairement irrité le Vlaams Belang, qui, depuis longtemps, désire la fin de la Belgique.

epa

Neutralité du roi

Plus étonnant encore: Vuye & Wouters, une fraction constituée de deux députés, n’a reçu aucune invitation. Notons que Hendrik Vuye est également flamingant et séparatiste. Ici, c’est avec DéFI que le parallèle peut être fait. « Le roi doit inviter tous les groupes politiques de la Chambre. D’où vient la légitimité démocratique d’en inviter certains et pas d’autres? Si le roi ne nous invite pas, nous et d’autres comme le Vlaams Belang ou le Parti Populaire, je trouverais ça vraiment très peu sage de sa part », s’est plaint Hendrik Vuye.

Le Parti Populaire, qui détient un siège au Parlement, n’a également pas reçu d’invitation du côté francophone. Son président de parti, Mischaël Modrikamen, s’est lui aussi exprimé dans une vidéo publiée sur Facebook. « Le roi est le roi de tous les Belges, pas seulement celui de certains partis » explique le président du PP. Même s’il se dit « attaché à la fonction royale », il regrette la décision du chef de l’État. Le PP considère cette décision du roi comme un affront à ses 150.000 électeurs.

Avec ce geste, le roi s’est aventuré politiquement dans des eaux troubles. Car il est censé être politiquement neutre, tout comme son chef de cabinet, Vincent Houssiau. Ce diplomate, à l’instar de son prédécesseur Frans van Daele, est labellisé chrétien-démocrate. Avant de devenir chef du cabinet au palais, il a été conseiller diplomatique auprès d’Herman Van Rompuy (CD&V) et d’Yves Leterme (CD&V), puis de Koen Geens (CD&V) en tant que chef de cabinet au ministère de la Justice.

YouTube Vuye & Wouters

Tom Van Grieken viré du palais

Oublié par le roi, le président du Vlaamse Belang Tom Van Grieken avait tout de même un message à adresser. Il s’est donc rendu devant le Palais Royal avec un camion sur lequel était accroché une affiche avec les visages de Charles Michel (MR), Wouter Beke (CD&V), Gwendolyn Rutten (Open VLD) et de Bart De Wever (N-VA), tous représentés avec un nez de clown. Sur cette affiche, on pouvait aussi lire le slogan « Laissez le peuple décider ». « Ce n’est pas parce que le Vlaams Belang est le seul parti qui n’a pas été invité par le roi Philippe que nous n’avons aucun message clair à lui dire : « Laissez le peuple décider », écrit-il sur son compte Twitter.

« Les politiciens qui ont peur de l’opinion de la population ne sont pas dignes d’être les leaders de ce peuple ! Laissez les gens décider! », déclare-t-il dans un autre tweet.

On dit « pouvait » car le président du parti d’extrême droite n’a pas pu rester devant le palais bien longtemps. Il a en effet été rapidement évacué par la police quelques minutes après son arrivée.

Maladroit ou pas, le roi aura permis au Vlaams Belang et au Parti Populaire de se poser en victimes. Pour la majorité des partis flamands (Open VLD, CD&V, N-VA), si le cordon sanitaire s’applique au Vlaams Belang, il doit également s’appliquer au PTB. Un argument dont ne tient pas compte le Palais qui limite le cordon à l’extrême droite.

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