L’addiction aux jeux vidéos, maintenant officiellement reconnue par l’OMS

Le jeu vidéo est un média jeune, mais controversé dès ses débuts. On balance à présent à nouveau de l’huile sur le feu, avec une classification de l’OMS discutée quant à l’addiction aux jeux vidéo. 

Jouer aux jeux vidéos consiste habituellement en un moment de détente ou de défoule, une occasion de découvrir un monde ou juste établir une performance, voire s’investir dans une histoire dont on est le héros. Mais comme toute bonne chose, il existe des dérives. L’addiction au jeu vidéo, débattue pendant des années en tant que trouble médical réel, vient d’être reconnue par l’OMS comme une maladie, sous le nom de « trouble du jeu vidéo ».

Qu’est-ce que ça implique?

Avec la reconnaissance de cette pathologie, à partir du 1er janvier 2022, le trouble du jeu vidéo va être reconnu comme une réelle pathologie, avec des médecins formés pour y faire face. Il est important de noter que déjà depuis 2014, la notion de « jeu pathologique » était déjà rentrée dans le lexique médical.

Pas tellement de différence dans les deux définitions. Dans l’absolu, les deux ont la constante d’une pratique du jeu vidéo qui empiète sur la vie du sujet, « au détriment des valeurs et des obligations sociales, professionnelles, matérielles et familiales ».

Cette classification va permettre, entre autres, de créer une base de données statistiques de troubles liés, à présent rangés sous la même classification, afin de trouver des traitements efficaces face à cette nouvelle pathologie.

Une nouvelle pas bien accueillie

Seulement voilà: non seulement l’Interactive Software Fédération of Europe, le plus gros lobby du jeu vidéo, a du mal avec cette annonce, mais aussi l’Entertainment Software Association, la plus grande association d’éditeurs de jeu vidéo, qui a publié un communiqué de presse remettant en cause cette classification. On peut y lire que « le « trouble du jeu vidéo » n’est pas basé sur des preuves suffisament robustes pour justifier son inclusion dans l’un des outils normatifs les plus importants de l’OMS. »

Le manque de preuves réside principalement sur un manque de consensus scientifique sur la définition de cette addiction. Comme le pointe le magazine Pixels du Monde, un article de 2018 signé en association avec des chercheurs venant des Pays Bas, d’Angleterre, de Suède et d’Australie, appelait à la prudence vis à vis de la dénomination « trouble du jeu vidéo ». Le principal problème: comment définir qu’une addiction est uniquement basée sur la sphère vidéoludique, et pas sur un trouble psychique de base qui encourage à l’addiction, qu’il s’agisse « du travail, du sexe, du bronzage ou même de la danse. » En gros, une personne qui nourrit une addiction ne la subit pas en fonction de l’objet, mais d’un propre trouble psychique de base. Le fait de pointer en particulier le jeu vidéo ternit une nouvelle fois l’image de cet art encore jeune.

Tout se discute, bien entendu. La question qui réside et cause le débat: est-ce que le jeu vidéo est différent des autres addictions comportementales, et mérite-t-il réellement qu’on le nomme précisément?

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