La N-VA est sur le pied de guerre pour les élections de mai 2019. Leur candidat pour le poste de « Premier ministre » flamand n’est rien d’autre que Bart De Wever en personne. Le bourgmestre d’Anvers souhaite que son parti joue un rôle décisif au sein du gouvernement flamand. Ce n’est qu’ainsi que la N-VA pourra pousser son projet de confédéralisme. Jan Jambon (N-VA) devient la figure de proue fédérale et la tête de liste à la Chambre pour la N-VA à Anvers.
Pour la N-VA, il y a « le monde d’avant Marrakech » et « le monde d’après Marrakech ». Depuis que le parti ne fait plus partie du gouvernement fédéral, ses membres se sont « réveillés dans une autre ère ». La rupture avec les anciens partenaires de la coalition Open Vld et CD&V semble totalement consommée: Wouter Beke (CD&V) et Gwendolyn Rutten (Open Vld) ne veulent plus rien avoir à faire avec ces « trublions » de la N-VA. Du côté francophone, la guerre à la N-VA a également été déclarée: le Premier ministre Charles Michel (MR) a répété ce week-end que sa décision d’aller à Marrakech se situait « du bon côté de l’histoire ».
La N-VA a donc rassemblé toutes ses troupes pour les mettre sur le pied de guerre. Les nationalistes flamands vont se concentrer entièrement sur les thèmes identitaires et sur « notre sécurité culturelle, économique, sociale et physique » qui doivent être « protégées », indique une source au sein du parti.
La figure de proue: De Wever
En pour gagner cette bataille, il faut un pion en particulier: Bart De Wever en personne. Même si le bourgmestre d’Anvers vient de mettre sur pied sa propre coalition pour gérer « la ville du biscuit » durant les six prochaines années, le président de la N-VA est lancé de plein coeur dans la bataille électorale.
Ce faisant, il poursuit un vieux rêve: devenir ministre-président flamand. Maintenant que Geert Bourgeois (N-VA) abandonne son poste de député flamand pour tirer la liste européenne, la place est libre. Les spéculations allaient bon train sur qui allait se présenter comme successeur. Ben Weyts (N-VA) avait bien déclaré que Jan Jambon (N-VA) ferait « un excellent ministre-président flamand« . Mais Jambon va rester là où il est le meilleur: à la Chambre. Il tire la liste à Anvers et devient la figure de proue de la N-VA au niveau fédéral.
Toutefois c’est au parlement flamand que la N-VA veut jouer le « tout pour le tout ». C’est la raison pour laquelle De Wever va y tirer la liste N-VA et se présenter comme candidat au poste de Premier ministre. Au niveau fédéral, il est facile de former des coalitions contre une majorité flamande et la N-VA peut facilement se retrouver sur la touche. Mais au niveau flamand, c’est beaucoup moins évident d’écarter un parti aussi important. Si De Wever et compagnie réalisent un score supérieur à 30%, il sera très difficile de former une coalition sans la N-VA. Encore plus si le Vlaams Belang obtient lui aussi de bons résultats: le cordon sanitaire rend le terrain de jeu plus petit pour tout le monde.
Met de allersterkste bezetting gaat onze @de_NVA naar de kiezer. ❤️??@Bart_DeWever @JanJambon @GeertBourgeois pic.twitter.com/AHN4DSAt1E
— Theo Francken (@FranckenTheo) 14 janvier 2019
Vers le confédéralisme?
Le projet de confédéralisme pourrait donc plus facilement être mis en action. Si De Wever parvient à former une coalition flamande plus rapidement et à former un gouvernement, les négociations fédérales pourraient alors aboutir à un « gouvernement de réflexion » : ce dernier prendrait en compte ce qui a été développé dans les entités fédérées. C’est une stratégie que l’on peut observer également chez Elio Di Rupo (PS), même s’il indiquait le contraire encore ce matin. Le président des socialistes veut créer rapidement un gouvernement wallon, avec le PS et ses alliés, puis, avec cette base, se lancer dans les négociations fédérales.
Tout ceci n’est toutefois que supputations, car, pour l’instant, rien n’est encore joué. Il y aura d’abord une campagne électorale et c’est le 26 mai que l’électeur décidera. Mais avec son annonce, De Wever a donné un coup d’accélérateur à la campagne. Il oblige de la sorte les autres partis à annoncer la couleur: qui sera leur candidat ministre-président? Seule Hilde Crevits (CD&V) peut viser ce poste, elle qui est aujourd’hui vice-ministre-présidente flamande des chrétiens-démocrates. L’Open Vld n’a pas vraiment de candidat, à moins que Bart Somers (Open Vld) ne se lance également dans la course. Cela reste une partie d’échecs, mais De Wever a joué le premier coup, et pas des moindres.
Aujourd’hui, les questions sont avant tout sociales et économiques. Les citoyens ont d’autres préoccupations que le confédéralisme prôné par @BartDewever. #matin1 @lapremiere
— Elio Di Rupo (@eliodirupo) January 14, 2019