La lettre « N » a été censurée sur le web en Chine et l’une des raisons possibles est totalement absurde

Suite à l’annonce du Parti communiste chinois de lever les barrières constitutionnelles pour briguer plus de deux mandats pour le président de la République populaire, la censure se fait de plus en plus forte dans le pays. Pour faire taire les voix dissidentes sur la Toile, de nombreux mots et expressions ont d’ailleurs été bannis de la version chinoise de Twitter. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, la lettre « N » fait partie de cette « liste noire ».

La Chine est considérée comme l’un des pays où la censure sur internet est la plus forte. Et pour cause, le régime communiste a érigé une « Grande muraille électronique » – visant à interdire l’accès à tous les contenus jugés sensibles politiquement – qu’il a considérablement renforcée ces derniers mois. Pour se connecter à YouTube, Facebook, Instagram, Google ou encore Twitter, les Chinois doivent d’ailleurs passer par des logiciels anti-censure, comme des VPN.

Le souci, c’est que ces outils qui permettent de contourner la censure sont aussi en ligne de mire des autorités chinoises, qui menacent de plus en plus de les bannir du territoire en n’autorisant que des logiciels dûment approuvés par le gouvernement. Un premier pas a d’ailleurs été franchi cet été, lorsque Apple a accepté de retirer de nombreuses applications VPN de son App Store chinois.

Des tas de mots et expressions du quotidien bannis du Twitter chinois

Et ce contexte de censure s’est encore accentué cette semaine, suite à l’annonce dimanche du Parti communiste chinois de réformer la Constitution pour permettre à son président Xi Jinping de se maintenir indéfiniment au pouvoir. En fonction depuis 2013 et sur le point s’achever son premier mandat, le chef d’État ultra adulé par la population sera plus que probablement réélu le 5 mars prochain, date de l’Assemblée nationale populaire.

Du coup, les censeurs du régime n’ont qu’une chose en tête: prendre des mesures rapides et radicales pour empêcher à tout prix une vague de commentaires négatifs de déferler sur le web. Une série de mots et expressions ont donc été bannis de la toile. Le média China Digital Times liste d’ailleurs les termes de recherche bloqués sur Weibo, le Twitter chinois: « dix mille ans » (une façon de dire « longue vie à l’empereur » en chinois), « pas d’accord », « honteux », « à vie », « immortalité », « roi autoproclamé », « mandat », « culte de la personnalité », « émigré », ou encore « Xi Zedong » (une contraction du prénom de Xi Jinping et du nom de l’ancien empereur qui a fondé la République populaire de Chine, Mao Zedong).

N = n mandats présidentiels?

Mais plus surprenant encore, les censeurs ont banni pendant un petit temps… la lettre « N ». Il faut dire que c’est la 14e lettre de l’alphabet et qu’elle fait un malheur au Scrabble. On ne peut plus dangereuse, donc. Plus sérieusement, Victor Mair, spécialiste de la Chine à l’Université de Pennsylvanie, donne une explication à cette interdiction, dans un message posté sur son blog et repéré par le Guardian. C’est probablement « par crainte de la part du gouvernement que ‘N’ = ‘n mandats’, où n serait > 2 », écrit-il. En clair, ce pourrait être par peur que la lettre « N » soit trop utilisée pour souligner le nombre de mandats à venir du président chinois. À moins que ce soit une victime collatérale de ce vaste mouvement de censure…

Ultime signe de la paranoïa du régime, Winnie L’Ourson, carrément, a été censuré sur les réseaux sociaux chinois cet été, à cause de mèmes un peu trop virulents qui soulignaient sa ressemblance avec Xi Jinping… Eh oui, cela va loin.

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