La Chine fait décoller une fusée pour récupérer de la roche lunaire et enclenche un programme spatial ambitieux

Mardi, à 4h30 (heure de Pékin), la Chine a fait décoller la fusée ‘Longue Marche 5’ du centre spatial de Wenchang sur l’île de Hainan, dans le sud du pays. Une première mondiale depuis plus de 40 ans.

Avec sa mission ‘Chang’e 5’, la Chine espère démontrer toute sa puissance en matière de conquête spatiale. Et ses débuts sont réussis, puisque le décollage de la fusée ‘Longue Marche 5’ a été couronné de succès. Celle-ci doit atterrir sur la Lune samedi prochain.

Une fois sur place, une foreuse creusera jusqu’à 2 mètres dans le sol, afin de récupérer des échantillons de roche lunaire. La mission vise à récolter environ 2 kilogrammes de fragments lunaires. Une capsule de retour les ramènera sur Terre et se posera à la mi-décembre dans les prairies de Mongolie intérieure, une région du nord de la Chine.

Dans l’histoire de la conquête spatiale, seuls deux pays ont réussi à ramener sur Terre de la roche lunaire. Les Etats-Unis (6 missions entre 1969 et 1972) et l’Union soviétique (3 missions, entre 1970 et 1976). Plus de 40 ans après l’URSS, la Chine pourrait donc devenir le troisième pays à réaliser pareille performance.

‘Le lancement de la mission Chang’e 5 serait un exploit impressionnant pour n’importe quel pays’, a déclaré Stephen Clark, expert basé en Floride, sur le site Spaceflight Now.

Les dévorantes ambitions chinoises

Cette mission s’inscrit dans un vaste programme de conquête spatiale déployé par la Chine depuis plusieurs années. En 2019, elle avait déjà mené à bien l’envoi d’une sonde sur la face cachée de la Lune. Ce qui était une première mondiale.

La Chine ne compte pas s’arrêter là. Souvent critiqué pour son retard par rapport aux programmes spatiaux américain, russe et européen, le parti communiste chinois est bien décidé à démontrer les progrès de son agence spatiale.

Parmi ses projets futurs, il y a l’envoi d’un robot téléguidé sur Mars. Cette mission est prévue pour l’an prochain. De plus, écartée de la Station Spatiale Internationale (ISS) – principalement à la demande des Etats-Unis – la Chine s’attelle actuellement à construire sa propre station spatiale. Elle devrait être assemblée d’ici deux à trois ans.

L’autre grande ambition de la Chine est d’envoyer des hommes sur la Lune. Elle espère y arriver d’ici 2030, égalant ainsi les missions Apollo 11, 12, 14, 15, 16 et 17 des Etats-Unis (1969-1972).

Très peu d’assistance étrangère

Les récents progrès de la Chine en matière de conquête spatiale sont remarquables, d’autant plus qu’elle ne collabore pas énormément avec les autres nations. L’agence spatiale européenne l’a soutenue pour le suivi de certaines missions. La Russie a quant à elle aidé à la formation des premiers astronautes chinois et a permis à la Chine de s’inspirer de Soyouz pour élaborer son premier vaisseau spatial, ‘Shenzhou’, en 1999. Ce sont à peu près les seuls soutiens extérieurs sur lesquels la Chine a pu compter.

‘La Chine fixera ses objectifs de développement dans l’industrie spatiale sur la base de ses propres considérations en matière de science et d’ingénierie technologique’, a déclaré Pei Zhaoyu, directeur adjoint du Centre d’exploration lunaire et d’ingénierie spatiale de l’Administration spatiale nationale chinoise, aux journalistes quelques heures avant le lancement de la mission Chang’e 5.‘Nous ne plaçons pas de rivaux (devant nous) lorsque nous fixons ces objectifs’, a-t-il ajouté.

Pour Henry Hertzfeld, directeur de l’Institut de politique spatiale de l’Elliott School of International Affairs de l’université George Washington, la Chine peut se targuer d’une ‘expertise spatiale de plus en plus sophistiquée et démontrée’.

Le programme spatial de la Chine constitue une composante essentielle dans ses ambitions de leadership mondial en matière de technologies.

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