La Belgique inquiète l’Europe: l’eau du robinet de 900.000 personnes présenterait des risques sanitaires

D’après un récent rapport sur la qualité de l’eau de la Commission européenne, l’eau du robinet n’est pas au top sur le Vieux Continent. En Belgique, 900.000 personnes s’exposeraient chaque jour à des risques sanitaires en la buvant. Mais si les chiffres peuvent faire craindre le pire, ils sont toutefois à relativiser.

Si elle est plus fraîche et plus écologique que l’eau en bouteille, l’eau du robinet ne serait pas pour autant meilleure pour la santé. En tout cas, ce récent rapport de la Commission européenne pose de sérieuses questions sur la qualité de l’eau en Belgique.

Sur toute l’année 2015, 22,7 millions d’Européens ont été exposés à des risques sanitaires liés à la qualité de l’eau du robinet, d’après les statistiques dévoilées par Le Soir ce mardi. Pour la Belgique, la Commission européenne parle de 8 % de la population exposée quotidiennement à ces risques sanitaires. Soit 900.000 personnes environ, vivant pour la plupart au sud du pays.

Les canalisations vétustes

Mais si ces chiffres peuvent faire flipper, ils sont à prendre avec des pincettes. D’ailleurs, les acteurs du secteur doutent de la fiabilité de l’étude de la Commission et taxent de « pas très claire » la méthode utilisée, selon les mots de Cédric Prevedello, conseiller technique chez Aquawal (l’Union professionnelle des opérateurs publics du cycle de l’eau potable en Wallonie), qui a réagi auprès du quotidien.

Pourtant, la Commission précise avoir basé ses statistiques sur les données du Centre européen pour la prévention et le contrôle de maladies, qui étudie notamment les maladies causées par des bactéries présentes dans une eau contaminée. Elle a ensuite recoupé ces données avec d’autres chiffres fournis par des États européens, qui concernent notamment l’accès à l’eau et la prévention du risque.

Ce rapport a toutefois le mérite de souligner, à nouveau, combien le réseau de distribution de l’eau en Wallonie est vieux, bien plus que celui en Flandre. Depuis longtemps, les acteurs impliqués ont tendance à « ne pas consacrer les sommes suffisantes pour entretenir correctement l’infrastructure », déplore, également au Soir, Benoît Moulin, le porte-parole de la Société wallonne des eaux. « Il y a des canalisations du côté de Mons qui datent de la fin du XIXe siècle », tire-t-il la sonnette d’alarme.

Di Antonio dément

Le ministre wallon de l’Environnement Carlo Di Antonio a « fermement démenti » toutes ces informations dans un communiqué. Pour lui, l’eau du robinet ne présente aucun risque pour la santé des consommateurs. « L’eau de distribution wallonne est d’excellente qualité sur l’ensemble du territoire et il s’agit du produit alimentaire le plus contrôlé. »

Pour appuyer ses propos, il rappelle toute les étapes par lesquelles notre eau passe avant d’arriver chez nous: « Avant d’arriver dans notre robinet, l’eau de distribution doit satisfaire à pas moins de 48 paramètres de qualité. Les résultats concluent à un taux de conformité de l’eau du robinet pour les paramètres impératifs de 99,71%. Les 0,29% de non-conformité restants ne signifient pas pour autant une contamination entrainant une non-potabilité ou un risque pour la santé. »

Pour donner quelques chiffres supplémentaires, la Wallonie et les producteurs d’eau potable ont investi 250 millions d’euros pour maintenir une qualité d’eau optimale et pour renforcer les standards « très élevés » d’accessibilité à l’eau. D’autres investissements sont prévus à l’avenir afin de donner un coup de jeune aux canalisations wallonnes. Voilà deux sons de cloche extrêmement différents qui laissent planer un doute sur le fond de ce dossier humide…

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