Nous payons tous beaucoup trop cher nos télécommunications. La raison est simple: il y a trop peu de concurrence sur le marché. Telenet et Proximus dominent et imposent des prix extrêmement élevés. Le vice-Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) veut introduire un quatrième opérateur pour libérer le marché. Et lors de la vente aux enchères des licences 4G et 5G, une place sera faite pour un nouveau venu.
La Belgique souffre depuis quelques années d’un grave problème d’inflation: tout devient (trop tôt) plus cher à un rythme plus élevé que dans le reste de l’UE. L’une des raisons est que nous payons tous chaque fois plus pour la téléphonie et Internet. Nous sommes le pays le plus cher d’Europe en ce qui concerne les données mobiles. En Belgique, pour 10 euros, tu as entre 0,3 gigaoctet et un maximum de 1 gigaoctet. En France ou en Allemagne, pour le même prix, tu as entre 1 et 2 gigaoctets.
Dans le même temps, Telenet présente des chiffres vertigineux: sur un chiffre d’affaires de 2,53 milliards d’euros en 2017, ils ont réalisé un bénéfice (l ‘ »Ebitda ajusté ») de 1,21 milliard d’euros. Être opérateur en Belgique, c’est faire partie d’un marché particulièrement lucratif. Et qui paye le prix? Le consommateur.
Moment crucial: les réseaux 4G et la 5G sont mis aux enchères
La raison est très simple: il n’y a pas assez d’acteurs impliqués dans ce marché. En plus de Telenet, qui possède BASE, l’unique autre opérateur dominant est Proximus. Orange est le troisième acteur à gérer un réseau mobile, mais il est trop petit pour jouer un rôle de casseur de prix. Il faut que quelque chose se passe, sinon les Belges continueront à payer trop cher et les profits finiront dans les poches de la société américaine Liberty Global, la mère de Telenet.
Les nouvelles licences pour 4G et 5G vont peut-être changer les choses. Le gouvernement va bientôt lancer une vente aux enchères pour ces nouveaux réseaux mobiles rapides: le dossier sera abordé au Conseil des ministres ce vendredi. La vente aux enchères elle-même se déroulera au printemps 2019. C’est ce qu’a déclaré le ministre des Télécommunications Alexander De Croo (Open Vld) dans Het Laatste Nieuws.
De Croo veut garder une partie des licences pour un nouveau venu sur le marché. L’objectif est très simple: il souhaite casser les prix du marché. De Croo veut suivre l’exemple du marché français, où il a fallu attendre qu’un quatrième acteur débarque pour ouvrir le marché.
Un lobby puissant
Le gouvernement n’a pas beaucoup d’options. Les licences pour les données mobiles sont valables pour au moins 20 ans. Il faut donc attendre 2039 pour que des mesures puissent être prises sur ce marché des télécommunications. C’est également la raison pour laquelle ce marché est si lent. En l’absence de concurrence, aucun effort n’est fait pour améliorer la 4G sur le territoire. Pour le réseau 5G, De Croo espère vraiment qu’une nouvelle « concurrence » se présentera sur le marché car les gros joueurs Proximus et Telenet n’attendront pas pour s’accaparer rapidement le nouveau réseau. Il faut savoir que la 5G est indispensable pour la gestion des voitures autonomes.
La possibilité que des nouveaux venus débarquent dans le « mobile game » est assez grande: rien que les profits de Telenet et Proximus sont des raisons suffisantes pour le faire. La question est de savoir si cela suffit: les deux opérateurs gèrent un réseau câblé important ce qui leur permet d’atteindre le consommateur par différents moyens. La question est donc de savoir si le gouvernement va faire quelque chose pour restreindre ce duopole. La réponse est non: les machines de lobby des deux entreprises sont trop fortes pour ça. C’est la caractéristique même d’un monopole: tenir le monde politique sous pression pour s’assurer que la vache laitière reste en vie.
De Croo est catégorique: « Le nouvel opérateur mobile aura également accès au réseau câblé et au réseau de fibre optique ». Ce qui montre bien la volonté du gouvernement. Un opérateur qui n’offre pas également la télévision et Internet pourra difficilement pénétrer le marché. Parce que favoriser l’ouverture – ce qui est obligatoire aujourd’hui -, c’est une chose. Mais la question est: à quel prix? Orange doit encore passer par le réseau de Telenet, et ces derniers leurs demandent trop, raison pour laquelle Orange est si cher. De Croo espère mettre un terme à ça. « L’organisme de surveillance des télécommunications veut mettre en place un nouveau modèle de tarification et obtenir le soutien de l’Europe. »
En plus des entreprises de télécommunications européennes existantes, beaucoup de nouveaux venus pourraient s’aventurer sur ce marché. Les sociétés de médias, par exemple, s’intéressent de plus en plus aux télécommunications: De Persgroep a déjà manifesté son intérêt pour ce marché.