Quatre semaines déjà. Quatre semaines que dure la grève dans les prisons de Bruxelles et de Wallonie. Et après un prudent accord préliminaire avec le ministre de la Justice Koen Geens (Cd&V), les syndicats francophones ont décidé de poursuivre la grève cinq jours de plus avant de voter pour ou contre la proposition.
Sérieux, est-ce que quelqu’un arrive encore à suivre ce que veulent les gardiens pénitentiaires? Après un mois de grève dans les prisons de Wallonie et de Bruxelles, la question reste grave. En tant que ministre de la Justice, tu peux toujours essayer de négocier et de conclure des accords avec les syndicats. Mais bon si ces syndicats doivent toujours se reporter à leurs membres parce qu’ils n’ont pas leur personnel en main, c’est autre chose.
Voilà exactement ce qui se passe avec les gardiens de prisons: à chaque fois, les syndicats ont corrigé la base et ont rejeté un accord. Que le vote soit ouvert et non confidentiel, ça soulève des questions, notamment via les groupes Facebook fermés. Dans ces groupes, dans lesquels les gardiens de prisons sont membres, un vote a été organisé. Mais Facebook n’est clairement pas l’endroit idéal pour un vote clair. Évidemment, tout le monde voit ce que les autres ont voté et la pression de groupe peut parfois forcer l’un ou l’autre à voter comme la majorité.
Et depuis longtemps on parle de « grève politique », dans laquelle les partis du gouvernement pointent du doigt le PS. Elio di Rupo, le représentant du PS, a en effet exprimé son soutien explicite aux gardiens pénitentiaires. Mais les connaisseurs pointent surtout le PTB, très populaire auprès des gardiens. Que ce parti soit tant reconnu par les gardiens de prisons explique leur attitude obstinée: le combat syndical à l’extrême est l’une des marques de fabrique du PTB.
Geens: "On a des limites budgétaires à ce qu'on peut offrir aux gardiens de prisons. Ils doivent le comprendre". pic.twitter.com/y6ABqfXwkT
— Martin Buxant (@Le_Bux) 26 mai 2016
Pas de vote sur Facebook
Après de longues négociations, ils sont à nouveau arrivés à un accord avec Koen Geens (CD&V), hier dans l’après-midi. C’est arrivé après une nouvelle série de consultations. Dans cette série, il y a eu de grandes avancées pour les gardiens. Il y a eu des promesses d’engager 480 hommes supplémentaires et d’investir 56 millions d’euros dans les bâtiments. La surpopulation des prisons est également au centre du débat. « J’ai réduit déjà de 1.000 (hommes, ndlr) depuis que je suis ministre », déclare le ministre de la Justice Koen Geens sur bel RTL. Mais comment? « On rapatrie plus vite le gens qui sont ici sans permis de séjour et qui sont dans nos prisons. Le bracelet électronique est important aussi et réduire la détention préventive est très important aussi. Je vais prendre des mesures et j’ai déjà pris des mesures quant à tout ça », ajoute-t-il.
En Flandre, personne ne doute que l’accord soit approuvé. Mais en Wallonie, les syndicats réclament encore cinq jours de grèves pour convaincre leur base. Mais pourquoi les syndicats demandent-ils encore ce temps? C’est Koen Geens qui donne la réponse: « Pour bien informer leur membres, il leur fallait ce temps, c’est ce qu’ils m’ont expliqué et je l’ai accepté mais j’espère évidemment que le vote sera positif et qu’ils feront tout pour que les détenus soient finalement pris en charge. »
Et si les francophones sont plus exigeants, c’est peut-être parce que les conditions dans lesquelles ils travaillent sont plus déplorables que celles de leurs voisins du nord. Et Koen Geen l’avoue lui aussi: « Il est vrai que les prisons en Wallonie sont plus vétustes que dans le nord du pays. » Encore cinq jours de grèves donc! Et lundi, ça sera l’heure du vote. Et là, plus de vote par Facebook ou par main levée en groupe mais avec des vrais bulletins de vote. Comme ça, la pression du groupe est moindre. Mais est-ce que ça sera suffisant? Verdict lundi…
À Saint-Gilles, on s’est prononcé
À 13h30 ce jeudi, l’assemblée générale de la prison de Saint-Gilles avait déjà rejeté l’accord que les syndicats avaient fini par mettre au point avec Koen Geens (CD&V). La grève est donc repartie là pour (au moins) un tour…