Et si le masculin ne dominait plus le féminin dans la langue française? Le débat fait rage en France, et en Belgique?

Souviens-toi de tes cours de français à l’école. On t’a toujours appris que le masculin l’emportait sur le féminin quand tu accordes un adjectif ou un participe passé, n’est-ce pas? En France, des centaines de professeurs veulent abolir cette règle et ce pour plusieurs raisons. Mais est-ce que cette nouvelle mode peut traverser les frontières et arriver en Belgique? 

C’est une règle de grammaire tellement vieille qu’on n’y fait plus attention. Dans la phrase « Jacques et ses deux amies Hélène et Mathilde, sont charmés par le site newsmonkey », c’est le masculin qui prime même si les filles sont en supériorité numérique. Et ce principe, ça ne plait pas du tout à 314 professeurs de français dans l’Hexagone. Ces irréductibles profs jurent de ne plus faire triompher le masculin dans les règles de grammaire.

Trois raisons

Pour justifier leur idéologie nouvelle, ces amoureux de la langue française avancent trois raisons. La première, c’est que cette règle est relativement récente (XVIIème siècle) et pas du tout nécessaire. Avant, on appliquait « la règle de proximité », c’est à dire qu’on accordait un mot avec le substantif le plus proche. Deuxièmement, ils avancent que cette règle du masculin n’était pas une question de linguistique mais de politique: les inventeurs disaient que l’accord masculin était « plus noble ».

Enfin, toujours selon les professeurs, cette règle « induit des représentations mentales qui conduisent les femmes et hommes à accepter la domination d’un sexe sur un autre ». Du coup, en septembre dernier, un manuel scolaire a vu le jour ventant l’écriture inclusive. Il propose une écriture égalitaire. De cette manière, on écrirait « d’électeur.rice.s » et dans une phrase au pluriel, le masculin ne l’emporterait plus sur le féminin. Un autre exemple? « Tou·te·s les citoyen·nne·s âgé·e·s de 18 ans ont le droit de vote en Belgique » pas très pratique, n’est-ce pas?

L’Académie française contre

Les grandes pontes de la langue française qui forment la prestigieuse Académie française sont totalement contre cette proposition d’écriture inclusive. Ils parlent carrément « d’aberration »: « La langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures. » Mais malgré l’influence qu’ont les académiciens en France, ils n’ont pas vraiment d’autorité à ce niveau: rien n’oblige les Français à suivre les règles dictées par l’Académie.

Ils continuent tout de même de justifier leur position: « la démultiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. » Le débat ne fait que commencer.

Et en Belgique?

En Belgique, on ne se pose pas encore vraiment la question. Les professeurs n’ont pas encore réclamé publiquement un changement de règle. Mais si cela arrivait, est-ce qu’ils seraient soutenus par les ministres de l’Éducation? La porte-parole de Marie-Martine Schyns (cdH) s’est exprimée pour La Capitale: « La ministre est très favorable à la féminisation des professions, beaucoup plus réservée sur l’utilisation du point médian car la langue française est déjà compliquée et que cela pourrait heurter la fluidité de la lecture dans les apprentissages. »

Concernant la prédominance du masculin, la ministre propose quelque chose: « On pourrait confier la réflexion au groupe de travail chargé de revoir les référentiels de français ». Consciente des implications colossales que provoquerait un changement de règle, elle insiste sur la prudence à avoir dans pareille situation. Elle espère tout de même que ce débat n’arrivera pas en Belgique: « Ce ne serait pas souhaitable pour des raisons d’harmonie, mais il deviendrait alors urgent de confier ce cas au groupe de travail sur les référentiels. »

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