Et si la Catalogne faisait tomber Theo Francken (N-VA)?

Souvent critiqué sur le fond de sa politique migratoire ainsi que sur la forme, c’est un autre dossier qui pourrait faire tomber Theo Francken: celui de l’indépendance catalane. Encore une fois, le secrétaire d’État a eu la langue bien pendue. Sauf qu’ici, cela pourrait mener à une crise diplomatique avec l’Espagne. Charles Michel a dû une nouvelle fois le recadrer. Journalistes et opposition demandent sa tête.

Quand l’indépendance catalane créée une crise gouvernementale en Belgique. Samedi au micro de la VRT, Theo Francken s’est lâché suite à l’annonce du gouvernement espagnol de vouloir traîner en justice le désormais ex-président de la Catalogne, Carles Puigdemont, qui risque quand même 30 ans de prison: « La situation en Catalogne est en train de dégénérer. On peut supposer, de manière réaliste qu’un certain nombre de Catalans vont demander l’asile en Belgique . Et ils le peuvent. La loi est là. Il pourront demander une protection et introduire une demande d’asile et on y répondra convenablement. »

Charles Michel, expert en Photoshop

Coup de tonnerre, aussi bien dans l’opposition que chez les observateurs: Charles Michel est obligé de recadrer son secrétaire d’État, pour une énième fois. Sauf que le mal est fait: le parti du Premier ministre espagnol Rajoy monte au créneau et qualifie les déclarations « d’inacceptables ». Selon le Parti Populaire, ce sont de « graves accusations contre le système judiciaire espagnol ».

La crise diplomatique couve. D’autant que là non plus, ce n’est pas la première fois. Déjà début octobre, Charles Michel avait dénoncé les violences suite au référendum catalan. Il avait été le seul chef d’État européen à prendre position sur la crise, ce qui avait passablement énervé Rajoy. En coulisses, on soupçonne notre Premier ministre d’avoir reçu quelques pressions de la part de son partenaire au gouvernement fédéral, la N-VA, toujours revendicatrice d’une Flandre indépendante, quoiqu’en laisse penser son action politique depuis 2014.

À cette crise diplomatique s’ajoutent les critiques quant à la politique migratoire de Theo Francken. Il faut avouer que parler d’asile politique pour les Catalans alors qu’on vire à tour de bras les Soudanais du parc Maximilien, c’est au mieux une terrible erreur de communication, au pire un total mépris de la situation ici en Belgique. Les critiques fusent: l’opposition et même le rédacteur en chef du Vif demandent la tête du secrétaire d’État. Ils ne se satisfont plus des recadrages de Charles Michel, trop c’est trop.

Quand il n’y en a plus, il y en a encore

D’autant qu’un autre dossier pourrait définitivement en finir avec Theo Francken. Si le secrétaire d’État défend dur comme fer sa politique migratoire, chiffres à l’appui, ce sont d’autres chiffres qui posent question. En effet, La Libre Belgique a révélé ce weekend qu’il existerait des objectifs chiffrés en termes d’arrestation de migrants. Des sortes de quotas imposés à la police.

Pire: un policier fédéral qui participe aux opérations a expliqué à Belga que l’Office des étrangers précise, chaque matin aux administrations concernées, le nombre de places disponibles en centre fermé et dans les avions de rapatriement: « Si on a dix places pour le Soudan, on concentre nos efforts sur les Soudanais et on ferme les yeux sur les dix Roumains se trouvant à côté, pour lesquels il n’y a pas de place ».

L’opposition fulmine, car tant Theo Francken que Jan Jambon ont toujours nié l’existence de ces quotas. Jan Jambon l’a même assuré devant le Parlement. Benoît Hellings (Ecolo) compte revenir à la charge et a adressé une nouvelle question au ministre de l’Intérieur. Les conséquences pourraient aller au-delà de la simple démission de Theo Francken.

Bref…

Si on résume: on a donc un secrétaire d’État, qui, en plus d’être critiqué sur le fond comme sur la forme de sa politique migratoire, vient de provoquer une crise diplomatique. Si on doit rappeler que sa politique migratoire est encore soutenue par une majorité de la population, la crise diplomatique pourrait être beaucoup plus problématique pour le gouvernement Michel.

Quid si l’Espagne rappelle son ambassadeur? Quid s’il elle demande officiellement à la Belgique de revoir sa position? La N-VA, malgré le fait qu’elle soit au pouvoir, tente de rassurer sa base via l’indépendance catalane. Elle lui dit que non, elle aussi n’a pas renoncé à son désir d’indépendance. Une position intenable à terme pour Charles Michel, accusé de toute part d’être à la botte du parti séparatiste.

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