Erdogan a un nouvel ennemi: les marchands de légumes sont maintenant des terroristes

« Nous sommes entrés dans les grottes des terroristes du PKK et nous nous attaquerons de la même manière à ceux qui terrorisent les prix des fruits et légumes, le terrorisme alimentaire »: le président turc Erdogan a déclaré la guerre à…des marchands de légumes. Ils sont devenus tout à coup des « traitres à la nation » parce que le prix de leurs biens est devenu bien plus cher à cause du malaise économique dans lequel est plongé la Turquie. 

Depuis que l’AKP d’Erdogan est arrivé au pouvoir en 2002, l’économie turque vivait des jours heureux. Jusqu’à l’été dernier lorsqu’une guerre commerciale a éclaté entre la Turquie et les États-Unis en provoquant une crise monétaire. Résultat: les investisseurs étrangers ont perdu confiance en l’économie turque.

Cette crise économique est un sérieux test pour le parti d’Erdogan. Le président tente de calmer la douleur économique que ressentent désormais les électeurs à cause de la dévaluation de la monnaie turque. Les prix augmentent donc un peu partout, et surtout dans les magasins que les citoyens fréquentent chaque jour.

Un timing qui n’est pas une coïncidence

Ce timing n’a pas été choisi au hasard par Erdogan. En effet, le 31 mars prochain se tiendront des élections régionales en Turquie. Alors, en plus de désigner les marchands de légumes comme coupables, le pouvoir turc a mis en place à Ankara et Istanbul des échoppes où il est possible d’acheter des fruits et légumes subventionnés vendus moitié prix. Le but étant de contrôler le marché des fruits et des légumes. Au total, on retrouve 50 points de vente de ce type à Istanbul et 15 à Ankara. Ces étals n’ont pas été placés au hasard: Ankara et Istanbul sont deux villes clés pour les prochaines élections et l’opposition à Erdogan y est de plus en plus féroce.

Il est vrai que le prix des fruits et légumes a augmenté de près de 30% depuis l’été dernier. Cette augmentation est évidemment due à l’inflation et à la dévaluation de la lire turque. Cela a beaucoup de conséquences puisque les coûts liés, par exemple, aux engrais et au transport de la marchandise ont très rapidement augmenté. Dans certains cas, les coûts ont pratiquement doublé en même pas un an. C’est ce qu’Erdogan appelle le terrorisme alimentaire et il compte bien le combattre comme il l’a fait avec les terroristes du PKK.

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