D’un côté, on a une enquête pénale lancée depuis plusieurs mois par le Pool Fraude sociale de Bruxelles. De l’autre, Deliveroo attaque les coursiers qui ont réclamé de meilleurs conditions. Au milieu de tout ça, les coursiers s’organisent au niveau européen et l’entreprise annonce une amélioration des couvertures d’assurances.
Le statut des coursiers de Deliveroo est l’objet d’un sacré remue-ménage actuellement. Depuis plusieurs mois, des livreurs s’organisent un peu partout en Europe pour réclamer de meilleures couvertures sociales. L’affaire vire presque au pugilat avec ministères de la Justice interposés et les différentes parties ne semblent pas prêtes de lâcher l’affaire. Et pourtant, les choses seraient en train de bouger.
Ce mardi 8 mai, Deliveroo annonce des améliorations au niveau de la couverture assurance des coursiers. La part de remboursement des frais médicaux en cas d’accident sera augmentée et les livreurs devront attendre moins longtemps pour obtenir un paiement en cas d’incapacité. Deliveroo va dépenser 11,3 millions d’euros pour offrir une assurance accident gratuite à ses 35.000 livreurs mais ces derniers resteront indépendants car la flexibilité est le cœur de la stratégie de Deliveroo.
Manif à Bruxelles
La flexibilité des livreurs est « l’élément central de notre modèle », explique Mathieu de Lophem à Trends Tendances. Mais cette flexibilité est également l’objet de la discorde. Le Collectif des coursier-e-s de Bruxelles a ainsi demandé à une commission d’établir si le travail des livreurs était « plus proche du salariat que du travail indépendant ».
Cette demande a valu à certains livreurs d’être traduits en justice. Une situation que le collectif estime intolérable au point qu’il a organisé une manifestation ce mardi 8 mai devant le palais de Justice de Bruxelles. L’objectif est de « montrer aux patrons que on ne lâchera rien, que nous ne sommes pas prêts à revendre nos droits », écrivent-ils sur la page Facebook de l’événement.
Enquête à Bruxelles
Parallèlement, L’Écho révèle ce mardi qu’une enquête est en cours depuis plusieurs mois. Lancée par l’auditorat du travail de Bruxelles et le Pool Fraude sociale du parquet de Bruxelles, elle vise les pratiques de la filière belge de Deliveroo. L’enquête tente de déterminer le statut réel des coursiers: sont-ils soumis à un régime de salarié, avec des obligations liées à leur subordination, ou sont-ils totalement flexibles et indépendants?
Deliveroo est au courant de l’existence de l’enquête et déclare au journal économique être « pleinement engagée avec les autorités compétentes pour expliquer la façon dont les coursiers travaillent ». Dans le cadre de cette enquête, plusieurs coursiers ont également été entendus mais l’enquête semble, selon une source citée par L’Echo, « longue et difficile ».
Front européen?
Hors de Belgique, les livreurs se mobilisent également et lancent un « front européen », selon Mediapart. Le 13 avril, 60 livreurs ont organisé une manifestation « Shame on You Deliveroo » à Berlin pour protester contre les conditions de travail chez Deliveroo et pour demander le droit des travailleurs à se syndiquer. La manifestation était organisée par la FAU Berlin, le syndicat représentant les coursiers de Deliveroo et de Foodora à Berlin.
En France et en Grande-Bretagne, les nouvelles conditions d’assurance rassurent les livreurs mais les représentants syndicaux estiment que Deliveroo doit aller plus loin. « La société doit payer le salaire minimum vital pour tous les temps travaillés avec des vacances et des indemnités de maladie », déclare Mick Rix, du syndicat GMB au Mirror.
Le statut de Deliveroo fait donc bouger beaucoup de choses. Il est au coeur d’un changement sociétal, l’économie de plateforme étant en train de bouleverser notre rapport au travail. Si des évolutions sont trouvées, il semble qu’il reste encore beaucoup de travail à accomplir avant que toutes les parties y trouvent leur compte.