Encore une entreprise internationale de bike-sharing en risque de faillite: « c’est un business stupide »

Ofo, la société chinoise de bike-sharing soutenue par Alibaba qui a explosé à l’international risque aujourd’hui la faillite pour dettes impayées envers ses fournisseurs et ses utilisateurs. Un crash qui révèle la fragilité de l’économie du vélopartage.

L’histoire du business des vélo en libre-service est une suite de succès et de terribles flop. On se souvient de l’échec de GoBeeBike à Bruxelles et en France. Maintenant, c’est Ofo qui risque de mettre la clé sous la porte. Présente dans plus de 20 pays et soutenue par le géant Alibaba, cette start-up chinoise connaît des problèmes financiers trop importants pour tenir la route.

Il semblerait que Ofo soit actuellement incapable de rembourser le dépôt de garantie versé par 12 millions d’utilisateurs et ne soit plus en état de pouvoir payer les dettes à ses fournisseurs. La société pionnière du vélopartage avait gonflé à l’international, s’établissant aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Israël ou encore en Australie. Elle cherche maintenant une solution pour récupérer ses investissements dans les deux-roues mais elle va très certainement se mettre en faillite, indique CNN.

Des vélos en libre-service en attente de réparation

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Économie foireuse

Le nombre de sociétés de vélos en libre-service a véritablement éclaté ces deux dernières années en Chine. L’idée paraissait attrayante: répondre aux problèmes de circulation en offrant des vélos disponibles partout que l’on peut abandonner n’importe où. Grâce à la géolocalisation et aux paiements mobiles, ce business avait tout du plan juteux. Il suffisait que les clients acceptent de payer une caution avant de prendre la route.

Ofo a été le premier à se jeter dans la brèche, suivie par des dizaines d’autres start-up chinoises. « On réalise aujourd’hui que le partage de vélos est l’activité économique la plus stupide qui soit, mais les cerveaux les plus intelligents de la Chine ont tous essayé d’y entrer », a déclaré à Reuters Wu Shenghua, fondateur de la société de bike-sharing en faillite 3Vbike. « Ça paraît vraiment ridicule maintenant. »

La semaine passée, après qu’Ofo ait été mise sur une liste noire par le gouvernement pour non-paiement de ses dettes, des centaines de client se sont réunis devant les locaux de la start-up. Ils ont manifesté pour réclamer le remboursement de leur caution. Mais si Ofo, la première organisation de bike-sharing de Chine, se met en faillite, ces clients pourraient bien ne jamais récupérer leur dépôt de garantie.

Des milliers de vélos Bluegogo en attente de réparation et de relocalisation

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Cimetières immenses de vélos

Ces deux dernières années, la Chine a connu une véritable bulle du bike-sharing, qui a éclaté aussi rapidement qu’elle est apparue. Des entreprises comme Bluegogo, Xiaoming ou encore Coolqi ont toutes été mises en faillites entre 2017 et 2018, laissant des milliers de clients en plan, sans que ceux-ci puissent récupérer leurs cautions. On parle ici de centaines de millions d’euros non remboursés.

Les raisons pour lesquelles ces entreprises n’ont pas réussi à survivre sont simples: la location des vélos ne suffisaient pas à rendre la gestion des vélos rentables. Réparer, relocaliser, déplacer, suivre à la trace ces deux-roues a un coût que les paiements des clients ne suffisaient pas à rembourser. Et c’est sans compter sur le vandalisme des véhicules et l’énorme concurrence qu’a générée cette bulle du bike-sharing.

En conséquence, la Chine a vu naître de nombreux cimetières de vélos. Le journal français Libération a publié il y a deux semaines un photoreportage sur ces nécropoles de vélos chinois. On y voit des champs entiers recouverts de ces véhicules abandonnés. Et Ofo, qui jusqu’ici se partageait 95% du marché du bike-sharing avec Mobike, pourrait bientôt voir ses vélos rejoindre ces immenses cimetières.

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