Une force spéciale destinée à trouver et punir les membres des communautés LGBT+ a été créée à Dar es Salaam, l’ancienne capitale de la Tanzanie. Des centaines d’homosexuels sont obligés de se cacher maintenant que leur sécurité est en danger.
De nombreux LGBT+ vivent dans la peur en Tanzanie depuis que Paul Makonda, le gouverneur de la région de Dar es Salaam, a décidé de les chasser, de les capturer et de les punir. « Je sais que lorsque je dénonce l’homosexualité, il y a des pays qui sont fâchés contre moi. Mais je préfère courroucer ces pays que courroucer Dieu », déclarait-il le 29 octobre lors d’une conférence de presse.
« Ils font des descentes dans les maisons », raconte au Guardian un activiste LGBT qui, par sécurité, a préférer garder l’anonymat. « De nombreuses personnes fuient la ville. Ils ciblent les activistes en disant que nous promouvons l’homosexualité. Nous devons nous cacher ». Un autre explique que des listes de noms de personnes LGBT+ circulent sur les réseaux sociaux, créant un véritable climat de peur.
« Donnez-moi leurs noms »
« J’ai des informations faisant état de la présence de nombreux homosexuels dans notre province », lançait lundi 29 octobre le gouverneur Makonda en conférence de presse. « Ces homosexuels s’en vantent sur les réseaux sociaux. À partir d’aujourd’hui [lundi] jusqu’à dimanche, donnez-moi leurs noms. »
L’homosexualité a toujours été considérée comme un crime en Tanzanie. Et cette infraction est punissable de 30 ans de prison. Mais depuis l’arrivée à la présidence de John Magufuli, en 2015, la répression s’est particulièrement intensifiée.
En 2016, le pays a proscrit les ONG qui distribuaient gratuitement du lubrifiant aux homosexuels. La distribution de ce produit était un moyen de lutter contre la propagation des MST. L’année suivante, il a fait fermer des centres de santé spécialisés dans la lutte contre le sida, sous prétexte que ces derniers promouvaient l’homosexualité.
« Chasse aux sorcières »
Ces actes ainsi que la chasse à l’homme récemment débutée ont soulevé de nombreuses critiques de la part des associations de défense des droits humains. La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Michelle Bachelet parle d’une véritable « chasse aux sorcières ». Amnesty dénonce la création d’un climat de haine et demande l’abandon de cette force spéciale.
Mais cela ne semble pas préoccuper outre mesure le gouverneur d’obédience chrétienne Paul Makonda. Selon lui, l’homosexualité « foule au pied les valeurs morales des Tanzaniens et de nos deux religions chrétienne et musulmane ». Ce qui signifie qu’il ne changera pas d’avis tant qu’il aura moins peur des puissances étrangères que de Dieu.