De nouvelles preuves suggèrent que deux grands glaciers de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental (WAIS) perdent de la glace à un rythme plus rapide qu’au cours des 5.500 dernières années. Au rythme actuel de leur recul, les deux immenses glaciers pourraient contribuer à hauteur de 3,4 mètres à l’élévation du niveau de la mer dans les siècles à venir.
L’Antarctique est recouvert de deux énormes masses de glace : les calottes glaciaires de l’Antarctique oriental et occidental (EAIS et WAIS), qui alimentent de nombreux glaciers individuels. En raison du réchauffement climatique, le WAIS s’est aminci à un rythme accéléré au cours des dernières décennies. Au sein de la calotte glaciaire, les glaciers Thwaites et Pine Island sont particulièrement vulnérables au réchauffement climatique et contribuent déjà à l’élévation du niveau de la mer.
Une nouvelle étude menée par l’université du Maine et le British Antarctic Survey, avec la participation d’universitaires de l’Imperial College de Londres, a mesuré le taux de variation du niveau local de la mer – un moyen indirect de mesurer la perte de glace – autour de ces glaciers particulièrement vulnérables.
Les chercheurs ont constaté que les glaciers ont commencé à reculer à un rythme jamais vu au cours des 5.500 dernières années. Couvrant respectivement une superficie de 192.000 kilomètres carrés (six fois la Belgique) et de 162.300 kilomètres carrés (1.500 miles carrés), les glaciers de Thwaites et de Pine Island pourraient provoquer une augmentation importante du niveau des mers.
L’augmentation des taux de fonte pourrait indiquer que les artères vitales au cœur de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental se sont rompues, entraînant une accélération du flux dans l’océan, potentiellement catastrophique pour les futurs niveaux des mers dans un monde qui se réchauffe.
Coquillages et os de pingouin
Au milieu de l’Holocène, il y a plus de 5.000 ans, le climat était plus chaud qu’aujourd’hui, ce qui signifiait un niveau des mers plus élevé et des glaciers plus petits. Les chercheurs voulaient étudier les fluctuations du niveau de la mer depuis le milieu de l’Holocène. Ils ont donc étudié les vestiges d’anciennes plages de l’Antarctique, qui sont désormais surélevées par rapport au niveau actuel de la mer.
Ils ont examiné les coquillages et les os de manchots sur ces plages en utilisant la datation au radiocarbone – une technique qui utilise la désintégration radioactive du carbone enfermé dans les coquillages et les os comme une horloge pour nous dire depuis combien de temps ils se trouvent au-dessus du niveau de la mer.
Lorsque des glaciers lourds reposent sur la terre, ils poussent ou « chargent » la surface de la Terre. Après la fonte ou le « déchargement » de la glace des glaciers, la terre rebondit, de sorte que ce qui était autrefois une plage est maintenant plus élevé que le niveau de la mer. Cela explique pourquoi le niveau local de la mer pour cette terre a baissé, alors que l’eau provenant de la fonte des glaces a fait monter le niveau global de la mer.
En déterminant l’âge exact de ces plages, les scientifiques ont pu voir quand chaque plage est apparue et ainsi reconstituer les changements du niveau de la mer au fil du temps. Les résultats ont montré une baisse constante du niveau relatif de la mer au cours des 5.500 dernières années, que les chercheurs interprètent comme le résultat de la perte de glace juste avant cette période. Ce schéma est cohérent avec un comportement relativement stable des glaciers.
A doublé au cours des 30 dernières années
Ils ont également montré que la baisse relative du niveau de la mer depuis le milieu de l’Holocène était presque cinq fois plus faible que celle mesurée aujourd’hui. Les scientifiques ont découvert que la raison la plus probable d’une telle différence est la perte rapide et récente de la masse de glace.
Les chercheurs ont également comparé leurs résultats avec les modèles mondiaux existants de la dynamique entre la glace et la croûte terrestre. Ils ont montré que les modèles basés sur leurs données ne représentent pas avec précision l’histoire de l’élévation du niveau de la mer dans la région au cours de l’Holocène moyen à tardif.
Bien que leurs données n’excluent pas la possibilité de fluctuations mineures des glaciers Thwaites et Pine Island au cours des 5.500 dernières années, les chercheurs ont conclu que l’interprétation la plus simple de leurs données est que ces glaciers ont été relativement stables depuis le milieu de l’Holocène jusqu’à récemment – et que le taux actuel de recul des glaciers, qui a doublé au cours des 30 dernières années, est en effet sans précédent au cours des 5.500 dernières années.
(JM)