Des chercheurs établissent un lien entre cannabis et troubles mentaux et demandent un contrôle accru des produits

Il est difficile d’établir des liens entre la consommation de cannabis et le développement de psychoses. Mais aujourd’hui, une nouvelle étude réalisée en Grande-Bretagne explique qu’une consommation quotidienne de weed multiplie par 3 le risque de développer une psychose, surtout chez les plus jeunes. 

Le cannabis a toujours été un suspect dans l’apparition de troubles psychotiques chez le fumeur. Malgré tout, il a longtemps été impossible de rendre concret ce lien et de le chiffrer. Il faut dire que cet aspect du cannabis est important puisque la question de la légalisation se pose un peu partout dans le monde. C’est le cas en Belgique, puisque plusieurs partis ont proposé une légalisation de cette drogue douce.

Malheureusement pour ces partis, une nouvelle étude réalisée en Grande-Bretagne ne va pas les aider à faire passer leur projet. En effet, des scientifiques du King’s College de Londres se sont penchés sur tous les cas de psychose enregistrés entre 2010 et 2015 aux services de soins mentaux de onze endroits différents en Europe. Leur conclusion est la suivante: un cas sur 5 serait lié à la consommation de marijuana.

Ils ont également remarqué qu’Amsterdam et Londres sont les deux villes d’Europe où les cas sont les plus nombreux. Ces deux villes ont un point commun: on y trouve de la weed avec un taux de THC élevé. En effet, selon le centre d’expertise flamand d’alcool et de drogues (VAD), le cannabis néerlandais contient en moyenne 22% de THC. Du cannabis qui finit souvent par arriver sur le marché belge illégal.

Légaliser le cannabis moins fort en THC

Selon les auteurs de l’étude, consommer du cannabis avec un taux de THC supérieur à 10% augmente considérablement le risque our le fumeur de développer des troubles mentaux. Ils estiment qu’interdire et combattre la vente de ces variétés de weed réduirait les psychoses de 46 à 36 cas par 100.000 personnes chaque année.

Cela peut paraître dérisoire mais une telle diminution aurait un énorme impact, surtout à Londres où les soins opérés pour les personnes souffrants de troubles mentaux sont tout simplement insuffisants et inadéquats. « Nous essayons d’aider des personnes dans des services psychiatriques très inadéquats à Londres – et l’une des raisons pour lesquelles les services sont si mauvais est que nous avons 30% de patients en trop par rapport au financement dont nous disposons » explique le professeur Robin Murray, un psychiatre au King’s College de Londres.

Il ajoute: « Si nous pouvions abolir la consommation de weed, nous aurions 30% de patients en moins et nous pourrions faire un meilleur travail de prise en charge des patients. »

Pas une raison de criminaliser la consommation

Malgré tout, les auteurs de l’étude ne demandent pas une criminalisation du cannabis. Au contraire, ils demandent un meilleur contrôle des produits qui tournent sur le marché. « Nous appelons les gouvernements à réglementer le marché du cannabis, de la production à l’approvisionnement, afin de garantir la disponibilité de produits plus sûrs », a déclaré James Nicholls, PDG de la Transform Drug Policy Foundation.

Du côté belge, le toxicologue Jan Tytgat (KU Leuven) est plutôt d’accord, comme il explique pour De Morgen: « Le cannabis est sur le marché, alors contrôlez l’usage. Les jeunes qui fument doivent connaître le taux de THC ». Par contre, il ajoute que l’apparition de points de vente de cannabis est dangereuse car ceux-ci attirent de nouveaux consommateurs. Les auteurs de l’étude britannique rejoignent d’ailleurs Jan Tytgat sur le fait que la légalisation n’est probablement pas une solution miracle. Selon eux, même si cette drogue douce est vendue sous forme de médicament, elle entraînera de toute façon des effets secondaires. Alors, si on va vers une légalisation, il faut à tout prix réaliser des campagnes de prévention pour informer clairement des effets néfastes de la weed.

Le cannabis, un facteur parmi tant d’autres

Mais pour d’autres spécialistes, il serait malhonnête de faire du cannabis la seule et unique cause des troubles mentaux. Ces troubles psychiques sont généralement dus à plusieurs facteurs qui, ensemble, finissent par être mauvais pour le consommateur.

C’est en tout cas ce qu’explique le psychiatre Ruud Van Winkel (KULeuven), toujours pour le quotidien flamand De Morgen: « Il y a évidemment un lien causal, mais le cannabis n’est qu’une partie de la cause. Les psychoses sont également déclenchées par le stress, les problèmes relationnels ou une crise identitaire. » D’où la nécessité d’organiser des campagnes de prévention et de sensibilisation pour informer les plus jeunes des risques qu’ils encourent en fonction de leur situation personnelle.

En conclusion, cette nouvelle étude ne prouve pas vraiment que la légalisation aurait des effets catastrophiques sur la santé mentale des plus jeunes. De toute façon, la marijuana se balade partout malgré son caractère illégal. Cela prouve surtout qu’un effort doit être fait de la part des autorités pour informer et éduquer la population sur les effets du cannabis et, surtout, qu’un marché doit être régulé avec un contrôle strict des produits pour éviter que des variétés trop fortes n’arrivent en Belgique. En gros, il faut faire l’inverse des Pays-Bas où la vente est légale mais la production non-réglementée.

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