Des champi pour lutter contre la dépression? Non, tu n’hallucines pas c’est du très sérieux

Des scientifiques britanniques s’apprêtent à démarrer un test révolutionnaire. 400 Européens souffrant de dépression sévères vont être traités à base de psilocybine, la substance psychoactive principale des… champignons hallucinogènes. 

La science est partie d’un constat simple: un tiers des personnes souffrant de dépression ne répondent pas bien aux traitements actuels. Du coup, certains scientifiques veulent agir autrement. C’est le cas la start-up britannique Compass Pathways. Fondée par un groupe d’experts de la santé, elle compte mener en 2018 une expérience unique au sein de huit pays européens.

400 patients vont se voir administrer de la psilocybine, principale substance active des champignons hallucinogènes. L’objectif est de voir si la psilocybine est capable d’améliorer leur état sur trois mois.

MDMA, LSD, Kétamine…

Récemment, on observe une recrudescence de l’intérêt des organisations psychiatriques académiques et de diverses sociétés pour l’emploi de substances psychédéliques telles la MDMA (la méthamphétamine), le LSD, la kétamine et enfin la psilocybine. Les buts sont toujours les mêmes: traiter la dépression, le syndrome de stress post-traumatique, les troubles obsessionnels convulsifs, les maux de tête sévères ou encore l’alcoolisme.

L’usage comme drogue récréative des champignons psychédéliques a été popularisé par des personnages issus de la contre-culture. On peut par exemple nommer Alexander Shulgin, pharmacologue et chimiste américain, auteur de nouveaux produits chimiques psychoactifs. Il y a aussi Timothy Leary, psychologue, neuropsychologue et militant pour l’utilisation scientifique des psychédéliques. Il est célèbre pour avoir popularisé le slogan « Turn on, tune in, drop out » (« Vas-y, mets-toi en phase, et décroche »). Par la suite, les drogues psychoactives ont connu aux États-Unis plus d’un demi-siècle de répression.

À l’heure actuelle, les régulateurs et autres organismes de régulation des drogues affirment que la psilocybine est sûre et diverses études ont démontré les bénéfices importants de cette substance chez les patients atteints de dépression. C’est pourquoi de plus en plus d’initiatives comme celle de la start-up Compass Pathways se mettent en place.

Supervision numérique

Compass Pathways s’est aussi associée avec l’Agence européenne des médicaments (EMA) et d’autres organismes de règlementation. C’est donc du sérieux. Ensemble, il vise à préparer un essai qui administrerait la psilocybine aux patients et utiliserait la technologie numérique afin de surveiller leurs réactions. La technologie numérique permettrait de mettre en lumière tout signe de rechute du patient durant sa participation aux essais comme, par exemple, de l’inactivité ou de l’isolement.

Selon les chercheurs, si l’étude est concluante et montre des résultats positifs, cela pourrait aboutir à une approbation réglementaire et à une remise en question de la psychothérapie. Autrement dit, cela pourrait remettre en cause les anti-dépresseurs traditionnels.

Compass Pathway a déjà récolté via ses fondateurs et divers partenaires la somme de 4 millions de livres. D’autres négociations sont en cours avec des fonds d’investissement, des fonds de capital à risque et d’autres investisseurs stratégiques. Le but: réunir 15 millions de livres supplémentaires pour les essais européens.

On a déjà trouvé un slogan pour eux: « Un petit champi et c’est reparti ! »

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