La mission anti-astéroïde de la NASA est un succès: un impact gigantesque et une trainée de débris de 10.000km

Ces dernières semaines, de gros blocs de roches se sont rapprochés de la Terre. Si aucun ne représente de réels dangers, certains sont quand même passés assez proche – à l’échelle cosmique, bien sûr – de notre planète. L’occasion de revenir sur la mission DART, le premier test grandeur nature visant à dévier la route d’un astéroïde potentiellement dangereux.

26 septembre 2022 : après un long voyage de 11 millions de kilomètres, une sonde terrienne de la taille d’un gros frigo a percuté un caillou de 177 mètres de diamètre à une vitesse de 20.000 km/h. C’était la sonde Deep impact de la double mission DART, le premier objet humain conçu dans le seul et unique but de dévier un rocher spatial potentiellement dangereux pour notre planète. Sa victime, Dimorphos, n’avait rien demandé et restait sagement dans sa banlieue stellaire, on sait dorénavant que l’humanité est capable de faire dévier un tel objet spatial.

L’apocalypse à 11 millions de km

Plus de six mois plus tard, les premières études de la NASA viennent collaborer ce que les observations des diverses agences spatiales semblaient déceler. Non seulement c’est un succès, mais il a été bien plus important que prévu.

  • Selon une étude de la NASA publiée le 1er mars dernier, l’orbite de Dimorphos autour de son grand frère Didymos a été prolongée de 33 minutes depuis l’impact. Or l’objectif minimal visé par l’agence spatiale n’était que de 73 secondes. Sa vitesse ayant diminué, l’astéroïde a réduit le rayon de son orbite autour de Didymos.
  • Le module Deep Impac, d’environ 700 kg, a libéré 19 gigajoules d’énergie, soit l’équivalent de 4,8 tonnes de TNT, qui a déformé l’astéroïde en y creusant un cratère de plusieurs dizaines de mètres de diamètre.
  • Depuis l’impact, Dimorphos a généré une trainée de poussières et de débris qui s’étend sur environ 10.000 km. Celle-ci n’est pas due directement à l’impact, mais plutôt causée par les vents solaires, qui dispersent la matière friable issue de ce gros rocher.

J’ai applaudi lorsque DART a percuté de plein fouet l’astéroïde lors de la première démonstration mondiale de technologie de défense planétaire, et ce n’était que le début. Ces résultats enrichissent notre compréhension fondamentale des astéroïdes et jettent les bases de la manière dont l’humanité peut défendre la Terre contre un astéroïde potentiellement dangereux en modifiant sa trajectoire. »

Nicola Fox, administratrice associée de la direction des missions scientifiques au siège de la NASA à Washington.

Pas de surprise à l’intérieur du caillou

Ce fut aussi une occasion inespérée d’étudier la composition de ce grand objet des confins de notre système solaire ; ce n’est en effet pas tous les jours qu’on peut prévoir le moment exact où l’un d’entre eux va se faire fendre en deux des suites d’un impact. Tous les télescopes étaient braqués sur cet infortuné caillou, et l’ESO (l’Observatoire européen austral) vient de livrer ses premières analyses.

  • Pendant un mois, Dimorphos a « saigné » des particules très fines qui nous apparaissaient bleues sur les télescopes, puis des débris plus épais, qui renvoient une lumière plus rouge. L’impact a aussi été bien plus lumineux que prévu. « Peut-être que la matière expulsée par l’impact était intrinsèquement plus lumineuse et moins polarisante que la matière à la surface, car elle n’a jamais été exposée au vent solaire et à la radiation du soleil, » estime l’astronome Stefano Bagnulo.
  • Dimorphos a lentement déployé une queue de débris assez similaire à celle d’une comète, poussée par les rayonnements solaires.
  • On n’y a toutefois détecté aucune brique élémentaire de la vie : ni eau ni oxygène. « On ne s’attend pas à trouver la moindre quantité de glace dans les astéroïdes, donc détecter la moindre trace d’eau aurait été une vraie surprise », explique Cyrielle Opitom, de l’Observatoire royal d’Édimbourg. Ils ont également cherché des traces de gaz propulseur de l’engin spatial DART, mais n’en ont trouvé aucune. « Nous savions que cela n’était pas gagné« , dit-elle, « car la quantité de carburant restant dans les réservoirs du système propulseur ne serait pas énorme. »
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