Comment les Saoudiens vont-ils réagir si la Belgique leur reprend la Grande Mosquée des mains?

La Grande Mosquée de Bruxelles va peut-être être reprise des mains de l’Arabie saoudite. C’est ce que recommande en tout cas la commission d’enquête sur les attentats terroristes. Le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA), veut mettre en place cette recommandation. Car l’islam qui est prêché dans la Grande Mosquée peut être considéré comme salafo-wahhabite, un discours assez extrême qui peut jouer un rôle dans la radicalisation et encourager les terroristes qui commettent des attentats.

Fin des années 60, la Belgique a confié la Grande Mosquée de Bruxelles à l’Arabie saoudite. La Mosquée et le Centre Islamique et Culturel de Belgique (CICB) se trouvent sous l’autorité de Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite. C’est en 1967 lors d’une visite d’État que le roi Baudouin leur a fait ce cadeau.

Mais la commission d’enquête sur les attentats terroristes veut limiter l’influence de l’Arabie saoudite. « Ils répandent l’islam wahabite à partir de notre pays. Islam, qui considère nos lois comme subordonnées à la religion. C’est inacceptable », a déclaré Patrick Dewael (Open Vld), président du comité.

Le Centre Islamique et Culturel de Belgique (CICB), en particulier, joue un rôle clé dans la propagation d’une forme radicale de l’islam (wahabisme) selon les experts. Et c’est cette forme extrême de l’Islam qui est également respectée par les adeptes de l’EI. C’est Jan Jambon (N-VA) qui, en tant que ministre de l’Intérieur, doit donner suite aux recommandations du comité. Il a déjà déclaré « vouloir le faire entièrement ».

La mosquée peut rester mais avec une forme plus soft de l’islam

C’est presque sûr que le bâtiment restera une mosquée mais pour les Belges musulmans et avec une forme plus « soft » d’islam.

Seul le peuple saoudien ne sera pas heureux de voir cela se produire. Pour eux, être mis dehors d’une manière aussi symbolique d’un pays européen avec un important centre wahabique peut créer un précédent. D’autres pays pourraient suivre. Bien sûr, le peuple saoudien ne veut pas être responsable de la propagation de l’EI et du terrorisme, mais là, ils perdent la face. Et cela pourrait avoir des conséquences majeures. Parce qu’ils ont beaucoup d’influence dans le monde arabe, grâce à leur argent.

Quel prix diplomatique pourrait-on payer?

La Belgique est dans une course de prestige majeure: un siège au Conseil de sécurité de l’ONU dans les deux prochaines années, à partir de 2018. Il y a trois autres candidats dans le groupe « européen » pour deux places. L’Allemagne aura certainement une place, mais l’autre siège se jouera entre la Belgique et Israël. Ce dernier n’a jamais siégé au Conseil de sécurité, la relation tendue avec le monde musulman y est pour quelque chose. Car à l’ONU, chaque pays a une voix.

Mais dans les coulisses, il en est autrement. Car même s’ils sont officiellement des ennemis jurés et n’ont même pas d’ambassades dans leurs pays respectifs, il y a une convergence croissante entre Israël et l’Arabie Saoudite. Les deux ont le même ennemi mortel: l’Iran chiite. Un conflit belgo-saoudien est donc totalement dans l’intérêt des Israéliens.

Et bien sûr, il existe d’autres méthodes pour que le peuple saoudien touche la Belgique. Par exemple, les Saoudiens ont investi dans la pétrochimie à Anvers et pourraient à tout moment couper les vivres.

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