C’est reparti pour l’inégalité: le Sri Lanka interdit à nouveau aux femmes d’acheter de l’alcool

Non, ce n’est toujours pas cette année que les Sri-Lankaises pourront acheter de l’alcool. Le président de ce pays à majorité bouddhiste a décidé de revenir à une loi vieille de près de 40 ans. Quelques jours à peine après la tentative du ministre de la Justice de la renverser pour plus de « neutralité entre les sexes ».

Le Sri Lanka fait fort: en moins d’une semaine, les autorités ont autorisé puis interdit à nouveau les femmes d’acheter de l’alcool, relate ce lundi la presse asiatique. Gros retour en arrière.

Tout commence la semaine dernière lorsque le ministre des Finances, Mangala Samaraweera, fait passer une nouvelle loi qui abolit l’ancienne loi de 1979, cette dernière interdisant aux femmes d’acheter des boissons alcoolisées et de travailler dans des établissements où l’on vend ou fabrique de l’alcool (bars, distilleries, brasseries…). Au même titre que les policiers et les militaires.

Pour au moins 4 ans

En plus d’autoriser enfin les femmes à consommer de l’alcool – une grande première en 39 ans – la nouvelle loi permettait aux bars et pubs de rester ouverts plus longtemps. Mais l’objectif premier était de « restaurer la neutralité entre les sexes », selon les mots du porte-parole du ministère des finances relayés par l’AFP.

Marche arrière toute, le président du Sri Lanka, Maithripala Sirisena, a décidé dimanche d’annuler cette réforme, pour revenir sous le régime de l’ancienne loi. Avant même d’acheter leur première bouteille, les Sri-Lankaises ne sont donc plus admises dans les shops d’alcool, et ce pour une durée d’au moins quatre ans. Retour au statu quo, sans aucune explication de la part du chef d’État.

Mais il fallait s’en douter, car l’annonce de la réforme avait déjà provoqué de vives réactions dans certains quartiers de cette nation majoritairement bouddhiste et fort conservatrice. Le Mouvement national pour la protection des droits des consommateurs (le Test-Achats local) avait même supplié le président d’intervenir, tout en accusant le ministre des Finances de vouloir encourager la consommation d’alcool.

Pour Samaraweera, au contraire, ces restrictions strictes imposées depuis près de 40 ans aux fabricants et vendeurs d’alcool ne font qu’encourager le développement d’un marché noir et priver l’État de revenus dont il a pourtant besoin. Dommage qu’il n’ait pas eu le fin mot de l’histoire.
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