On pourrait penser que nous ne connaissons que trop bien notre propre planète, vu le temps que nous passons à tenter d’en savoir plus sur les autres. Mais notre bonne vieille Terre recèle encore des mystères et des théories qui n’ont pu être étudiées de visu. Mais voici au moins un fait à propos de notre grande maison bleue que nous comprenons – peut-être – enfin.
Dans l’actualité : Xiaodong Song et Yi Yang, deux sismologues de l’université de Pékin, ont émis une nouvelle théorie sur la rotation du noyau de notre planète, et pourquoi, parfois, celle-ci ralentit avant de s’inverser.
- Le noyau terrestre est la partie centrale de la Terre, qui occupe 17 % de son volume et représente 33 % de sa masse, environ. Composé majoritairement de fer, il se décompose en un noyau externe liquide, et un noyau interne (la « graine ») maintenu solide, en dépit de la température très élevée, par l’immense pression des profondeurs.
- Cette graine, boule de métal solide de 2.450 kilomètres de diamètre, semble bel et bien tourner sur elle-même, ce qui expliquerait certains phénomènes sismiques. Cette rotation semble bien désynchronisée de celles des autres couches de notre planète.
- Cette rotation serait provoquée par l’interaction entre des forces de gravité absolument immenses à de telles profondeurs, et le champ magnétique provoqué par la rotation du manteau en fusion un peu plus proche de la surface.
Une rotation qui n’a rien de constant
Selon les chercheurs chinois, cette rotation de la graine serait en train de se ralentir, et elle finira par s’inverser. Et ça n’est pas la première fois.
- « Nous analysons ici les ondes sismiques répétées du début des années 1990 et montrons que toutes les trajectoires qui présentaient auparavant des changements temporels significatifs ont peu changé au cours de la dernière décennie. Ce schéma globalement cohérent suggère que la rotation du noyau interne s’est récemment interrompue » avancent les chercheurs dans leur étude, publiée dans Nature Geoscience.
- Le noyau interne de notre planète est en train d’interrompre sa rotation, si ça n’est pas déjà fait, et les données observées suggèrent que le même phénomène s’est produit entre 1964 et 1970 soit, à l’échelle de notre planète, très récemment.
- De 1970 à nos jours, la graine a donc tourné vers l’est, alors qu’avant c’était vers l’ouest. Ce qu’elle va vraisemblablement recommencer à faire. Sans grande conséquence pour nous, à part quelques détails sismiques ou la longueur exacte du jour : rappelons-nous que ce n’est pas de la rotation de toute la planète qu’il s’agit, mais d’une « planète dans la planète » loin sous sa surface.
- « Cette périodicité multidécennale coïncide avec des changements dans plusieurs autres observations géophysiques, notamment la longueur du jour et le champ magnétique », estiment les deux sismologues. Ces observations fournissent des preuves d’interactions dynamiques entre les couches de la Terre, de l’intérieur le plus profond à la surface, potentiellement dues au couplage gravitationnel et à l’échange de moment angulaire du noyau et du manteau vers la surface. »
- Mais si leur modèle est intéressant, il ne fait pas l’unanimité dans le monde scientifique : d’autres explications et d’autres périodicités dans la rotation existent. Il faut dire qu’on n’est pas prêt d’aller vérifier. Notre bonne vieille Terre garde encore bien des mystères en Érèbe.