Quelle différence y a-t-il entre le mousseux, le champagne, le crémant, le cava et le prosecco? Si tu n’es pas un fin connaisseur, tu dirais à priori que ce sont tous des vins pétillants, mais dans des gammes de prix du simple au double. Et pourtant, il existe un tas de différences entre chaque appellation. Comme ce n’est pas toujours simple de s’y retrouver en magasin, on t’explique tout en détail.
1. Le champagne
La première caractéristique du champagne est sa région. Il tire ainsi son nom de la Champagne, une ancienne province du nord-est de la France. Selon l’Union des Maisons de Champagne (UMC), l’aire de production couvre plus de 34.000 hectares, à environ 150 kilomètres de Paris. Elle comprend 319 crus (ou communes françaises) répartis en quatre grandes régions: la Montagne de Reims, la Vallée de la Marne, la Côte des Blancs et la Côte des Bar. Il y a, en tout, 15.700 vignerons et 300 producteurs de champagne. En magasin, tu dois donc avant tout checker l’origine de la bouteille que tu t’apprêtes à acheter.
Depuis un décret-loi de 1927, le champagne est donc une appellation d’origine contrôlée (AOC) et protégée (AOP). Il ne peut être accordé à un vin pétillant que si: – il est entièrement fabriqué et manipulé en Champagne ; – si le rendement d’extraction ne dépasse pas 102 litres de moût (ou jus de raisin non encore fermenté) pour 160 kg de raisins ; – si le degré d’alcool respecte celui fixé annuellement ; – et s’il a été élevé au moins 15 mois en bouteille.
Le champagne est donc aussi élaboré selon une méthode traditionnelle, appelée fermentation en bouteille. Le principe consiste à mettre du vin tranquille (de base) dans une bouteille résistante à la pression, puis à ajouter du sucre et des levures. Le vin passe alors par une deuxième fermentation alcoolique qui libère du gaz carbonique. Et c’est ainsi que les bulles apparaissent.
Enfin, le champagne est élaboré à partir de trois cépages: le pinot noir (38 % de la surface plantée), le pinot meunier (32 %) et le chardonnay (30 %). En fonction de sa teneur en sucre, il peut être soit brut nature, extra brut, brut, sec ou demi-sec.
Petit conseil: un bon champagne ne doit pas se boire trop froid, sinon il ne libère pas tous ses arômes. La température idéale est de 10 à 12 degrés, selon Mondovino, la plus grande cave à vins de Suisse. Il a aussi un bon potentiel de vieillissement, et peut rester dans ta cave deux ou trois ans, voire dix ans pour les toutes bonnes bouteilles.
2. Le prosecco
Comme son nom le laisse entendre, le prosecco vient d’Italie, et non de France. Mais pas n’importe où: de la région de Vénétie, au nord-est de l’Italie.
Il y a une quinzaine d’années, tu ne pouvais trouver ce vin pétillant que dans certains magasins spécialisés. Aujourd’hui, il a plus de succès que le champagne, grâce sa légèreté, ses arômes fruités d’agrumes, et surtout son prix bien plus raisonnable. Du coup, il possède maintenant une dénomination d’origine contrôlée (DOC). Autrement dit, le prosecco ne peut s’appeler ainsi que s’il est produit dans l’une de ces cinq provinces de la Vénétie: Trévise, Venise, Vicence, Padoue ou Belluno. Ou bien dans l’une des quatre provinces du Frioul-Vénétie julienne: Görz, Pordenone, Trieste ou Udine.
Contrairement au champagne, la seconde fermentation du vin tranquille ne s’effectue pas en bouteille, mais dans une cuve close sous pression: c’est la méthode Charmat. Le gaz carbonique qui en résulte est ainsi maintenu dans le vin, au moment de la mise en bouteille sous contre-pression. Cette technique (aussi utilisée par l’asti, le lambrusco et le sekt) prend minimum trois semaines, mais est beaucoup moins chère et rend le vin plus fruité et plus raffiné.
3. Le cava
Si le champagne est français, le prosecco italien, le cava est, lui, espagnol. Il se caractérise donc avant tout par une dénomination protégée (DO) qui ne vaut que pour les mousseux produits dans une aire d’appellation d’origine bien délimitée et selon la méthode champenoise de la fermentation en bouteille. C’est le Conseil Régulateur du Cava qui détermine quels vignobles sont autorisés à produire ce vin. Cette autorité soumet aussi les producteurs à une réglementation spécifique et des contrôles stricts de qualité.
D’où vient-il? Le cava est né à la fin du 19e siècle, dans la région catalane du Penedès, près de Barcelone. Il tire son nom des caves qui s’étendent sur des kilomètres et qui offrent les conditions optimales de sa fabrication et conservation. Le Penedès est responsable de 95 % de la production totale, et la ville de Sant Sadurní d’Anoia (à 50 kilomètres de Barcelone) de 75 %. Les 5 % restants proviennent d’Aragon, de Rioja, Navarre, Valencia ou du Pays Basque.
Enfin, le cava possède généralement des cépages autochtones traditionnels: comme le xarel-io (blanc), le macabeo (blanc) et la parellada (blanc également). En magasin, tu peux le trouver soit en blanc, soit en rosé.
4. Le crémant
Le mot « crémant » désigne tous les vins pétillants produits en France selon la méthode champenoise (de seconde fermentation en bouteille), en dehors de la Champagne. Le site Mondovino explique que lorsque la région de Champagne est parvenue à imposer l’exclusivité de son nom, plus aucun vin produit ailleurs n’a pu utiliser ce nom. Le crémant est donc la réponse à cet espèce de « diktat ». Si tu préfères, le crémant est en fait un champagne, mais qui ne vient pas de la Champagne.
D’où vient-il? Un peu partout: Alsace, Bourgogne, Bordeaux, Die, Jura, Limoux, Loire, Savoie, même du Luxembourg et de Wallonie. Chaque crémant doit respecter certaines règles de fabrication propres à sa région, afin de recevoir l’appellation d’origine contrôlée (AOC) ou protégée (AOP).
Côté cépages, seuls sont autorisés, selon Mondovino: le riesling, l’auxerrois, le chardonnay, le pinot gris, le pinot noir et le pinot blanc.
Le crémant se décline en trois variantes: tranquillo, frizzante et spumante. Le tranquillo ne contient pas de bulles, le frizzante est un semi-mousseux et le spumante pétille plus fort. Mais contrairement à certains champagnes et cavas, tu dois le boire jeune et ne pas le laisser trop longtemps dans ta cave.
5. Le mousseux
Le mousseux, c’est à peu près tout le reste. C’est en fait une catégorie générique, qui désigne l’ensemble des vins pétillants ou effervescents. Ce qui le définit: il contient une surpression de gaz carbonique générée lors de la fermentation, comme l’explique sur son site la société française de caves à vins, La Sommelière. Autrement dit, le gaz est maintenu dissous dans le vin, grâce à une fermeture hermétique de la bouteille, et ne s’en dégagera qu’au débouchage de la bouteille.
Du coup, il est moins cher que le cava, le prosecco, le crémant, et surtout le champagne. Si tu as déjà fait le tour du rayon vins de ton supermarché, tu es d’ailleurs certainement déjà tombé à des bouteilles à 2-3 euros. Et certaines marques pas chères sont très bonnes, il suffit de tester et de comparer. Et ça, ce n’est pas négligeable pour ton portefeuille!