Carles Puigdemont s’est offert les services de Paul Bekaert, un avocat spécialisé dans le droit d’asile

La Belgique se trouve de plus en plus prise dans la crise que traverse actuellement l’Espagne. Après avoir été démis de ses fonctions par Madrid, le leader de la Catalogne Carles Puigdemont est arrivé à Bruxelles pour rencontrer des dirigeants flamands. Officiellement dans le but de « maintenir des contacts politiques », mais officieusement sans doute pour parler d’asile politique. D’ailleurs Puigdemont s’est offert les services d’un avocat belge spécialisé…dans le droit d’asile. 

Il est de plus en plus clair que Carles Puigdemont, le désormais ex-président de la Catalogne, envisage de demander l’asile politique à la Belgique. Selon le journal El Periódico, qui s’appuie sur des sources venant du gouvernement espagnol, Carles Puigdemont, accompagné de cinq de ses anciens conseillers gouvernementaux, est à Bruxelles pour une réunion avec des « dirigeants flamands ».

L’objectif de cette entrevue est officiellement de « maintenir des contacts politiques », toujours selon le journal espagnol. L’agence de presse Belga précise qu’il est question d’une réception privée organisée par la N-VA. De son côté, le cabinet du Premier ministre Charles Michel s’est, pour le moment, refusé à tout commentaire. Mais il est clair que cette entrevue pourrait très mal passer, tant à Madrid qu’au sein du gouvernement Michel.

Une bombe à retardement pour le gouvernement belge

Car depuis le début, la crise que traverse l’Espagne est une véritable bombe à retardement pour le MR et ses partenaires de coalition flamands. Pour rappel, vendredi dernier, le parlement catalan a voté et proclamé l’indépendance de la région. En réaction, le gouvernement espagnol a activé l’article 155 de la Constitution et mis la région sous tutelle. Mariano Rajoy a dissous le parlement catalan, destitué Carles Puigdemont et son gouvernement de leurs fonctions et convoqué des élections pour le 21 décembre prochain. Madrid compte même traîner en justice le leader indépendantiste, qui risque jusqu’à 30 ans de prison pour « rébellion », « désobéissance » et « malversation de fonds ».

À cela, Theo Francken (N-VA) a réagi en invitant – presque – Puigdemont à demander l’asile politique à la Belgique. « La situation en Catalogne est en train de dégénérer. On peut supposer, de manière réaliste qu’un certain nombre de Catalans vont demander l’asile en Belgique. Et ils le peuvent. La loi est là. Il pourront demander une protection et introduire une demande d’asile et on y répondra convenablement », expliquait-il ainsi samedi à la VRT.

Le Parti populaire au pouvoir en Espagne a bien sûr jugé cette invitation d' »inacceptable » et l’a pris comme de « graves accusations contre le système judiciaire espagnol ». Si le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration s’est entre-temps fait recadrer par Charles Michel, ses mots ne sont visiblement pas tombés dans l’oreille d’un sourd…

La N-VA nie l’invitation

Selon l’attaché de presse du parti de Theo Francken, Puigdemont n’a pas été invité par la N-VA: « S’il est à Bruxelles, ce n’est certainement pas à notre invitation. » Jan Jambon, ministre de l’Intérieur, s’est également exprimé pour confirmer. Il dit ne « pas être au courant » de la venue de Puigdemont. Son porte-parole a par ailleurs précisé que Jan Jambon n’avait eu « aucun contact avec le Catalan » ces derniers jours.

Un avocat belge

Selon l’agence Belga, le président destitué de Catalogne s’est offert les services d’un avocat belge: Paul Bekaert. Il s’agit d’un avocat spécialisé dans les droits de l’homme et le droit d’asile. Ce n’est sans doute pas un hasard. Invoquant le secret professionnel, l’avocat ne confirme pas si Puidgemont envisage bien d’introduire une demande d’asile en Belgique. Paul Bekaert n’a pas non plus confirmé avoir rencontré Puigdemont à Bruxelles mais le président catalan destitué se trouve bien en Belgique.

Paul Bekaert est spécialisé dans les droits de l’homme. Il a également défendu la militante kurde turque Fehriye Erdal et le couple basque Moreno-Garcia, deux militants présumés du mouvement d’indépendance basque, devenu ressortissant belge en 2001.

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