Baston au parlement et démission du Premier ministre: qu’est-ce qu’il se passe avec Erdogan et la Turquie?

Jeudi, le premier ministre turc Ahmet Davutoğlu a fait comprendre qu’il démissionnait. En début de semaine, des politiciens turcs se sont méchamment battus au parlement. Un mois plus tôt, une voiture piégée faisait 37 morts dans les rues d’Ankara. Tous ces événements sont en fait liés au conflit kurde. Un conflit instrumentalisé par le président Recep Tayip Erdogan pour renforcer son autorité.

Jeudi, le premier ministre turque Ahmet Davutoğlu a annoncé qu’il démissionnerait. Il ne l’a pas dit clairement mais il a annoncé qu’il ne se présenterait pas au congrès du Parti de la justice et du développement (AKP), soit le parti au pouvoir fondé par le président Recep Tayip Erdogan. Cette annonce a été interprétée comme une démission. Il devrait être remplacé par quelqu’un de fidèle à Erdogan.

Depuis longtemps, on parlait de grosses tensions entre le chef du gouvernement et le chef de l’état. Erdogan souhaitait faire un amendement à la constitution pour renforcer son pouvoir en tant que président et affaiblir celle du premier ministre. Davutoğlu était contre. Puis le premier ministre a proposé d’entamer un processus de paix entre la Turquie et les séparatistes kurdes. Et là, c’est Erdogan qui était contre. Et quand quelqu’un n’est pas d’accord avec Erdogan, il doit partir.

Dictature

Le président Erdogan est soupçonné d’utiliser le conflit kurde pour renforcer le sentiment nationaliste et ainsi asseoir son autorité. Doucement, il transforme la Turquie en un régime totalitaire. Comme l’explique le Guardian, le premier ministre Davutoğlu avait proposé de faire la paix avec le PKK, le Parti ouvrier kurde, mais Erdogan s’y est totalement opposé.

« Erdogan ne veut personne dans son parti qui ne soit pas d’accord avec lui, ou personne qui ait son propre opinion sur n’importe quel sujet » explique le journaliste turc Levent Gültekin. « Davutoğlu était l’un des derniers politiciens qui aurait fait des suggestions de changement dans les décisions d’Erdogan. » En proposant la paix, le premier ministre s’opposait à la vision dictatoriale du président.

Conflit kurde

Diviser pour mieux régner? En tout cas, la question kurde agite beaucoup les politiciens turcs comme le témoigne la vidéo ci-contre.

Lundi 2 mai, une grosse baston s’est déclenchée dans le parlement turc. Les membres de l’AKP demandaient que l’immunité parlementaire des députés kurdes leur soit retirée. On pourrait ainsi punir le parti de l’opposition HDP, un parti pro-Kurde, pour incitation à la haine. Le parti HDP est accusé de soutenir le PKK, un parti séparatiste kurde lié à des actes terroristes. La vidéo des parlementaires qui se mettent violemment sur la gueule a beaucoup tourné sur le net.

En mars, un attentat à la voiture piégé faisait 37 morts et 123 blessés dans les rues de la capitale Ankara. L’attentat a été revendiqué par le TAK, un mouvement séparatiste kurde, en réaction aux opérations militaires dans les provinces kurdes de la Turquie.

Le conflit entre les Kurdes et la Turquie a commencé en 1984 et il a déjà fait énormément de morts en Turquie. La Turquie refuse de reconnaître l’existence des Kurdes et des organisations séparatistes kurdes réagissent avec des actes terroristes.

Sources: The Guardian, Vox, RT, France 24, Hurriyet Daily News
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