Au Japon, une application pour dénoncer les frotteurs du métro déjà téléchargée 237 000 fois! 

Dans un pays où le sexisme est toujours un problème majeur, la police a lancé une fonctionnalité permettant de signaler les agressions sexuelles dans le métro. 

Le Japon est souvent décrit comme un pays à la jonction entre progressisme et tradition. Ce qu’on sait moins, c’est que c’est aussi un pays qui souffre d’un fort sexisme, d’autant la capitale. À Tokyo, pour éviter le harcèlement dans les transports publics, des mesures avaient déjà été mises en place comme des wagons séparés non mixtes dans le métro aux heures de pointe.

La police de Tokyo a décidé d’aller un cran plus loin en proposant une fonctionnalité sur leur application Digipolice, permettant de signaler qu’une agression est en train de se dérouler. En pressant une alarme, une voix féminine accompagnée d’un message en grandes lettres, visible des voisins de rames, indique qu’il y a un agresseur et que la victime a besoin d’aide. Très utile quand on sait qu’il est terriblement mal vu de parler dans le métro japonais.

Depuis l’apparition de cette fonctionnalité, l’application a connu un bond dans ses téléchargements: la police a ainsi déclaré compter plus de 10 000 abonnements en plus par mois.

Dans la vidéo ci-dessous, tu peux voir un exemple de cette application, avec une voix qui dit en japonais « Arrêtez s’il vous plaît ».

Un sexisme fortement ancré au Japon

La popularité d’une telle application prouve une nouvelle fois le problème du sexisme au sein de ce pays grandement avancé dans ses technologies, mais terriblement en retard dans ses mentalités. À titre d’exemple, le mouvement #MeToo a eu bien du mal à dépasser les frontières asiatiques. La principale figure de l’époque était Shiori Ito, journaliste qui avait déclaré avoir été victime de viol par Noriyuki Yamaguchi, patron de la chaine de télévision japonaise TBS.

Les réactions face à sa dénonciation avaient été brutales, la traitant tantôt d’impure (comme toutes les victimes de viol au pays du soleil levant) et en remettant en question son témoignage, qu’il s’agisse de détails techniques ou dans la manière de le présenter – par exemple le fait qu’elle n’ait pas pleuré lors de la conférence de presse où elle a fait ses déclarations. Elle se bat encore aujourd’hui et a dû mener son enquête elle même, étant donné que la police japonaise avait refusé de donner suite à sa plainte.

Déjà 237 000 téléchargements

Le Japon a donc manqué le coche de #MeToo, mais prend de plus en plus conscience de la nécessité de proposer des solutions concrètes aux soucis de harcèlement. C’est d’ailleurs l’un des problèmes les plus reconnus dans cette société, comme le pointait la chercheuse Aline Hellinger dans un article des Inrocks: « Les modalités des inégalités entre les sexes se déploient différemment dans les domaines considérés. On pourrait dire que le harcèlement de rue est inexistant au Japon et l’habillement des femmes est beaucoup plus libre (notamment pour le port des jupes). À l’inverse, les ‘pervers’ dans les transports ont été depuis longtemps identifiés comme un problème important sur les lignes de métro : chaque rame comporte une affiche rappelant qu’il faut avertir, dénoncer et que ces ‘pervers’ seront sanctionnés« .

Pour résoudre le problème, il faudra cependant aller plus loin qu’une simple application et passer par un changement de mentalité dans le pays tout entier. Mais il est toujours bon de saluer un pas en avant, surtout quand il rencontre un tel succès (déjà 237 000 téléchargements!).

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