Alex Cardon, de Joyn (ex-Qustomer): « Pour entreprendre, il faut un problème et des gens prêts à payer pour le résoudre »

« Joyn » ou « Qustomer »: tu as peut-être déjà vu ce logo sur une porte de magasin, voire sur l’app avec laquelle tu collectionnes des points à travers tous les commerces. Les quatre gars là-derrière sont des potes qui se rêvaient entrepreneurs, ont essayé, ont réussi leur coup et comptent bien ne pas en rester là. Alex, un des quatre, raconte ce qui les guide. 

Ils ont commencé à quatre potes autour d’une idée parce que « à nous quatre, toutes les compétences sont à bord, on est plus forts que chacun de notre côté ». Quatre ans plus tard, l’idée a grandi et 75 personnes travaillent à la développer encore davantage.

L’idée, c’était Qustomer, une carte de fidélité digitale, et une seule, pour tous les commerces affiliés. Plus de 1,5 millions de Belges l’utilisaient dans 4.000 commerces. Après trois ans, à l’automne les quatre ont vendu Qustomer à ING. Et là, Qustomer est devenu Joyn: l’idée, ici, est carrément de rendre un maximum de services dans la ville accessibles à partir d’un smartphone.

Pour Alex et ses potes, une page se tourne: « On a vendu notre boîte, le boulot est terminé. » Enfin, terminé: façon de parler! Ils cherchent maintenant à lancer ou à racheter une autre boîte, toujours avec la même équipe.

Comment est-ce que tu as commencé?

« J’ai toujours eu envie d’être mon propre patron. J’ai commencé ma carrière par deux ans d’entrepreneuriat en Russie. Puis j’ai été consultant chez Roland Berger, ça m’a permis de structurer un peu tout ça. J’avais atteint le niveau que je voulais là. C’est alors qu’Alexis (ndlr: un des quatre fondateurs) est venu me trouver, avec une idée. Et là, j’ai sauté dans le train qui passait. »

Où avez-vous tous les quatre trouvé l’idée de départ de Qustomer?

« Pour entreprendre, il faut partir d’un problème, et il faut qu’il y ait des gens prêts à payer pour le résoudre.

Pour nous, ça a été la carte de fidélité, ou plutôt les cartes de fidélité: toi aussi, tu t’es peut-être déjà dit que ton portefeuille débordait de cartes en tout genre. On s’est dit qu’on allait essayer de résoudre ce problème-là et… on y est arrivé. On n’est pas les seuls à avoir essayé de résoudre le problème des cartes de fidélité: beaucoup s’y étaient essayés, depuis une vingtaine d’années, sans succès. Pour nous, ça a marché parce qu’on a profité d’une rupture technologique, de l’arrivée de l’iPad et du smartphone.

En fait, notre succès, ça a été les bonnes personnes, au bon endroit, au bon moment. »

Vous avez lancé et vendu Qustomer à quatre, et vous rempilez, toujours ensemble. Le secret de votre entente?

À nous quatre, toutes les compétences sont à bord: le marketing, la technique… On n’a pas besoin d’outsourcer et ça, c’est quelque chose qu’on veut garder. On est plus forts ensemble que chacun de notre côté. Et puis on a 32 ans, pas 50: il nous reste des choses à faire.

Pourquoi n’y a-t-il pas des femmes dans votre équipe de fondateurs?

« Je ne sais pas… C’est quand même beaucoup d’heures de boulot, ce qu’on a fait. J’ai une super femme, j’ai de la chance. Mais on travaille tous les deux, on a des enfants et on a besoin d’aide à la maison pour y arriver. Si on ne pouvait pas avoir d’aide à la maison, et bien… Il faudrait que quelqu’un s’en occupe, des enfants. Et là, on retombe vite dans un schéma plus traditionnel.

Aussi, souvent, les start-up sont dans des domaines plus I.T. et ce n’est pas un domaine où il y a tellement de filles. »

Tu as eu l’impression de devoir travailler beaucoup pour arriver à ce résultat?

« Au total, je bossais moins pour Qustomer que chez Roland Berger, la société de consultance où j’étais avant. Mais j’ai travaillé un peu tout le temps, j’ai regardé mes e-mails à onze heures du soir… il y a toujours quelque chose: un commercial qui t’appelle le weekend avec une question, une nouvelle idée qui surgit… C’est une autre énergie. »

Plus généralement, si tu pouvais changer une chose en Belgique, qu’est-ce que ce serait?

« Il y a quatre ans, quand nous avons commencé, il y avait peu d’aide aux entrepreneurs. Maintenant, ça change mais on manque encore de gros investisseurs. »

Un conseil à quelqu’un qui a envie de se lancer?

« Il faut se mettre un délai- je dirais au moins un an, parce que l’idée de départ n’est pas nécessairement la bonne, et un budget- pour vive confortablement pendant cette première année.

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