Des villes congolaises font les « mortes » pour montrer leur opposition au gouvernement Kabila

Ce mardi, en République démocratique du Congo, les principaux partis de l’opposition ont appelé les citoyens à participer à une « journée ville morte » pour marquer leur désaccord avec le gouvernement de Kabila. Ils exigent le respect de la Constitution et des délais des élections présidentielles. 

Ce mardi, à Kinshasa, les rues sont vides et les magasins fermés. Il semble qu’une partie de la population ait suivi le mouvement de désobéissance civile lancé la semaine passée par le Front citoyen 2016, un collectif d’organisations de la société civile et de partis d’opposition.

Ses principales revendications: le respect de la Constitution et des échéances pour les élections présidentielles. Le Front soupçonne en effet le gouvernement de vouloir reporter les élections pour que Kabila puisse rester au pouvoir indéfiniment. Ce dernier est à la tête du pays depuis 2001 et son mandat se termine en décembre.

La « marche des chrétiens »

La date du 16 février n’a pas été choisie par hasard. Elle marque la commémoration de la « marche des chrétiens », en 1992. Ce mouvement pacifique militait pour la démocratie mais a été violemment réprimé par l’armée de Mobutu.

À l’origine, des marches commémoratives devaient être organisées aujourd’hui dans tout le pays. Elles ont pourtant été annulées, notamment par crainte d’un nouveau bain de sang.

Intimidations

Hier soir, la tension était à son comble en RDC. Le gouvernement, la majorité et les forces de l’ordre ont appelé la population congolaise à se rendre au travail aujourd’hui. Ils considèrent la grève comme une « récupération politique d’une date symbolique », selon RFI.

Plusieurs médias ont rapporté des actes d’intimidation. Selon TV5 Monde, des abonnés des principaux réseaux de téléphonie mobile en RDC ont reçu ce message « anonyme »: « Demain 16 février est un jour ouvrable. Travaillons. Ne mettons pas en péril notre emploi. (Si vous êtes patriotes, répercutez ce message !) » RFI signale aussi que des ministères ont prévenu que les absences seraient sanctionnées.

Cette action « ville morte » s’inscrit dans une série d’actions pacifiques contre le gouvernement Kabila, prévient Vital Kamerhe, l’une des figures clé de l’opposition congolaise. Mais la tâche s’annonce ardue. « Des manifestations pro-Kabila sont attendues », dit-il dans une interview à La Libre. « On veut éviter la confrontation. On a la Constitution avec nous. On est avec le peuple. On veut faire comprendre à ces Messieurs qui veulent s’accrocher au pouvoir qu’il est temps de partir. Que le Congo est devenu ingouvernable pour eux. »

L’opposition souffre de dissensions internes. Toutefois, Etienne Tshisekidi, le dirigeant de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a envoyé un message fort en annonçant son soutien au collectif.

EPA
Sources: La Libre Belgique, RFI, TV5 Monde
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